Tu n’es plus mon ami.e…

Il y a un moment, j’ai vu circuler sur Facebook un de ces aphorismes dont la toile raffole : « The more I find myself, the more people I lose » – plus je me trouve, plus je perds de personnes. Quelqu’un y avait réagi en disant : « Mais de nouvelles personnes arrivent aussi dans votre vie. »
C’est vrai. Nous perdons des amis avec lesquels nous n’avons plus de contact et nous nous en faisons de nouveaux – c’est aussi simple que cela. Selon certains psychologues, nous aurions en moyenne un ou deux meilleurs amis et cinq très bons amis. Une autre étude pose même que chaque personne n’a en réalité que trois contacts intimes. Tout dépend de l’âge : plus on est jeune, plus on a d’amis. Nombre d’entre eux quittent notre vie lorsque nous commençons à construire une famille. Tant les hommes que les femmes perdent alors en moyenne la moitié de leurs amis.
C’est logique : nous avons nettement moins d’énergie à consacrer au monde extérieur – les personnes de notre foyer accaparent la majeure partie de notre temps et de notre attention. Les contacts s’effritent et finissent par disparaître. Mais ce va-et-vient ne se déroule pas toujours aussi naturellement, et il peut arriver que certaines amitiés nous pèsent. Comment y mettre un terme, et quand ? Comment savoir que quelqu’un ne nous convient plus ? Et comment s’en défaire sans le blesser inutilement ?

Une autre voie
Selon Eckhart Tolle, les rencontres négatives n’existent pas. Elles peuvent être un test, une épreuve nécessaire pour avancer sur le plan spirituel, ou encore une manière d’accomplir un approfondissement personnel, car vous comprenez que vous ne souhaitez pas ou plus être comme cela. À l’inverse, il se peut également que vous soyez nécessaire à ces autres personnes, pour leur apporter une certaine lumière et une prise de conscience. Eckhart Tolle parlait certes ici des confrontations avec des personnes ennemies ou irritantes, et non des amitiés. Mais le même raisonnement s’applique aux relations dites “amicales” que vous considérez comme pénibles, qui commencent à vous étouffer. Si vous considérez votre entourage comme votre reflet, n’avez-vous pas intérêt à vous séparer de cet ami qui ne cesse de vous tourmenter ?
N’est-il pas égoïste de rompre avec cet ami qui n’arrête pas de se plaindre de tout ? Et comment réagira votre cercle d’amis lorsque vous ne participerez plus aux tournées des bars, aux marathons de shopping et autres séances de commérages ? Si vous changez, les personnes autour de vous ne vous emboîteront pas automatiquement le pas. Barry Long raconte dans son livre Stillness is the way (Le silence est la voie, non traduit en français) l’histoire d’une personne ayant commencé à méditer, au grand dam de ses amis. « Ils trouvent que j’ai changé, et que je suis moins intéressant qu’avant. Cela me préoccupe. » Oui, répond Barry Long, c’est le prix à payer lorsque l’on devient soi-même. « En devenant plus profond, votre personnalité évolue. Vous n’êtes plus tenu de vous mesurer aux autres et la superficialité ne vous procure plus de plaisir. Les autres ne vous trouvent dès lors plus très intéressant. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Il y aura toujours quelqu’un pour apprécier la personne que vous êtes devenue. » Peut-être n’avez-vous plus votre place parmi ces personnes et d’autres gens vous attendent-ils ailleurs, avec lesquels vous aurez bien plus à partager.

Reconnaissance et confirmation
Parfois, il est aussi tout simplement plus sain pour votre propre développement de vous détacher. Vos amis vous influencent. Jim Rohn, coach américain en développement personnel, l’a formulé ainsi lors d’un exposé resté célèbre : « Vous êtes la moyenne des cinq personnes avec lesquelles vous passez le plus de temps. » Ou, formulé différemment : dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es. Si votre entourage aime jaser, vous le ferez également, et si vos amies raffolent de gâteaux à la crème, il ne sera pas simple de passer pour une rabat-joie en déclinant une dégustation. Une amie qui vous déballe chaque semaine la litanie de ses déboires et autres difficultés aura tendance à jeter un voile gris sur votre propre vie. Que vaut réellement une amitié où vous n’êtes le bienvenu qu’en vous travestissant ? Ou dans laquelle vous êtes tenu de prêter l’épaule sans jamais pouvoir demander de l’aide à votre tour ? Ces paroles du blogueur américain Nate Steere sont certes crues, mais elles vous aideront peut-être à sauter le pas : « À force de vous laisser utiliser comme une béquille, vous finissez par sentir les aisselles. » Selon une étude américaine, l’amitié est avant tout une question de reconnaissance et de confirmation de sa propre identité. Nos amis nous rendent heureux lorsqu’ils nous apprécient pour ce que nous sommes et lorsqu’ils nous soutiennent et nous encouragent dans notre développement. Mais la question peut également être retournée : est-il vraiment bénéfique pour cette amie cloîtrée dans son rôle de victime de pouvoir compter à tout moment sur votre oreille attentive pour épancher ses complaintes ? Ne lui rendriez-vous pas plutôt service en mettant vos limites ? Vos compagnons de virée ont-ils quoi que ce soit à gagner à ce que vous confirmiez par votre présence le fait qu’il s’agit d’un passe-temps amusant ? Ou ne serait-il pas éclairant pour eux que vous vous en distanciez clairement ?
Une loi spirituelle veut que le monde extérieur soit notre propre reflet. En d’autres termes, si vous êtes entouré de personnes qui pompent votre énergie, vous tirent vers le bas et vous causent des maux de ventre, il est temps de vous interroger sur vous-même. Qu’est-ce qui vous a attiré chez ces personnes lorsque vous les avez rencontrées pour la première fois ?
Auquel de vos besoins ce lien répond-il ? Peut-être avez-vous éprouvé la nécessité d’être utile, d’être important. Ne pouvez-vous pas le ressentir sans vous brader ? Ou peut-être vous sentiez-vous mieux dans votre propre vie en vous confrontant de temps en temps à quelqu’un qui a encore plus de soucis que vous. Vous aviez peut-être besoin de réconfort et étiez tellement seul que vous avez accepté la première compagnie venue. Ou votre amour-propre était tellement peu solide que vous vous êtes laissé utiliser. Aujourd’hui, toutefois, vous nourrissez suffisamment d’amour envers votre propre personne pour vous séparer de ces “amis”.

Comment s’y prendre ?
Certaines amitiés devenues indésirables périclitent en silence, comme les feuilles qui tombent de l’arbre en automne. Vous ne répondez plus aux coups de fil, vous ne donnez plus suite aux invitations, et l’autre finit tôt ou tard par comprendre le message et par vous laisser tranquille. Si vous vous croisez, vous vous adressez un signe cordial de la tête ou de la main depuis l’autre bout de la salle. Ce n’est pas la méthode la plus courageuse, mais cela fonctionne. Déclarer, face à l’autre, que vous rompez tout lien demande légèrement plus de bravoure et de tact. L’idée n’est certainement pas de créer une dispute. Un conflit vous emprisonne alors que vous souhaitez justement vous détacher, vous libérer.
Le secret d’une bonne discussion de séparation repose sur trois principes-clés : soyez présent, soyez vous-même et soyez clair. Soyez présent, “enraciné”, pour être entièrement dans le moment présent. Sentez vos pieds sur le sol, vos fesses sur la chaise. Sentez votre corps et soyez conscient de vos sentiments, de votre nœud à l’estomac, de votre boule dans la gorge, de vos muscles tendus. Cela vous aidera à garder le cap lors de la conversation et à ne pas vous laisser distraire ou déconcerter.
Tenez-vous-en à vos sentiments – ne jugez pas l’autre. Au lieu de lui dire ce qu’il ou elle a fait de mal à vos yeux, expliquez ce à quoi vous aspirez pour vous-même. Comment vous souhaitez vivre, comment vous voulez être. Restez le plus positif possible. « Je veux pouvoir me réveiller en forme le week-end pour faire du sport. » « Je souhaite me consacrer à ma paix intérieure. » « J’ai beaucoup avancé ces derniers temps au niveau de mon développement personnel et ragoter sur les autres personnes ne m’apporte plus de satisfaction. »
Le plus dur est de ne pas verser dans le jugement. Chacun est libre de mener la vie qu’il souhaite. Les autres ont visiblement besoin de faire ce qu’ils font, pour suivre leur propre processus, pour tirer leurs propres leçons. Comme Swami Vivekananda disait : « Votre voie est bonne pour vous, mais pas pour moi. Ma voie est bonne pour moi, mais pas pour vous. » En d’autres termes, ils ne doivent pas changer ou accélérer leur développement pour vous faire plaisir. Vous poursuivez votre voie sans eux et leur souhaitez le meilleur sur la leur. Soyez également clair quant à vos intentions : n’attendez pas d’excuses, de compliments ou de propositions de paix et n’y répondez pas. Il se peut naturellement que quelqu’un soit sincèrement intéressé par ce que vous dites et manifeste le désir de vous accompagner sur votre voie. Si vous n’avez pas totalement confiance, n’hésitez pas à dire que vous avez besoin de temps et que dès que vous serez prêt vous le lui ferez savoir. Mais n’excluez pas la possibilité – qui sait ? – que votre acte de courage donne le jour à une nouvelle sorte d’amitié, plus profonde, plus authentique et plus sage.

Photo Jens Lelie/Unsplash

Énergie boost

Inspirez…
Ne vous déplacez jamais sans un flacon d’huile essentielle : les herbes aromatiques telles que le romarin, le thym et la menthe poivrée stimulent. Pour une sensation de fraîcheur, privilégiez les agrumes – citron, bergamote, pamplemousse. Enfin, les huiles de pin ou de cyprès vous permettront de faire le plein d’oxygène.

Battements de cœur
Les pierres ont leur propre langage. Celles qui sont rouges – grenat et rubis – représentent le pouvoir et l’action et donneront un coup de fouet à votre circulation sanguine.
Vous pouvez en trouver sur la boutique Happinez

Douce sieste
Dormir, quel bonheur ! Surtout les petits sommes au beau milieu de la journée… En fermant les yeux pendant dix à vingt minutes, on se réveille régénéré, avec un pouvoir de concentration à toute épreuve.

Éclats de soleil
Besoin d’énergie ? Il suffit d’aller dehors et de tourner son visage vers le soleil. Ses rayons stimulent et aident à produire de la vitamine D et de la sérotonine (une hormone qui rend heureux).

Concentrés de vie
Dattes, graines de sésame, pistaches et baies de goji sont toutes de merveilleuses sources d’énergie. Roulées en petites boulettes, elles sont délicieuses accompagnées d’un jus de grenade : selon les Égyptiens de l’Antiquité, il s’agirait d’un véritable élixir de vie.

Terre-Mère
Saviez-vous que vous avez des chakras sur la plante des pieds ? C’est grâce à eux que vous pouvez ressentir un lien sacré avec la Terre. Alors, enlevez vos chaussures, marchez pieds nus dans l’herbe et laissez cette énergie élémentaire inonder votre corps.

Souffle de feu
Testez la “respiration du feu” pour contrer tout coup de mou. Expirez en rentrant le nombril vers la colonne vertébrale puis inspirez naturellement. Accélérez tranquillement le tempo et sentez comme vous vous éveillez au monde.

Photo Amy Shamblen/Unsplash

Les bienfaits de la course méditative

Vous aimez vous entraîner, de la musique dans les oreilles et les yeux rivés sur votre cardio, en respectant un programme d’entraînement ? Vos performances s’amélioreront, mais pas nécessairement votre travail d’introspection. Pour cela, apprenez à courir de façon méditative.
Pour découvrir comment la course méditative fortifie le corps et l’esprit, il suffit d’écouter Sakyong Mipham Rinpoché. Ce maître spirituel tibétain spécialiste de la méditation a déjà participé à neuf marathons, avec un record personnel de 3 heures 05. Il a aussi écrit Courir comme on médite, éditions Trédaniel et organisé des ateliers sur le sujet à travers le monde.
Le grand nombre d’ultramarathoniens inscrits à son premier atelier l’a d’abord surpris, mais il a vite compris que c’était justement leur expérience de la course qui les y avait menés. « Quand on court, on finit forcément par entrevoir son propre esprit, explique Sakyong Mipham Rinpoché, le fait de prêter attention, non seulement à son corps, mais aussi à ce qui se joue au fond de soi, aide à donner le meilleur de soi-même, pendant l’entraînement et dans la vie. » Ainsi, la course n’est plus un simple sport, mais devient un voyage de découverte et de développement personnel, car elle aboutit à une meilleure appréciation de soi et de la vie qu’on mène.

Canaliser son attention dans une direction
Alors, comment courir de façon méditative ? Benjamin Romkes, athlète et bouddhiste, s’assied toujours sur son coussin de méditation avant de partir courir le matin : « Après ça, je m’y mets presque sans effort, car je suis dans le flow. C’est différent quand on enfile juste ses baskets et qu’on se met à courir sans transition : on a plus de mal à trouver le bon rythme, on est distrait et il y a plus de chances de rentrer en se demandant où on a bien pu aller ! »
Courir en méditant, c’est résister au tourbillon des pensées en canalisant son attention dans une direction précise. C’est une façon d’exercer ses muscles physiques, mais aussi ses muscles mentaux. Comme pendant une méditation classique, on choisit un point de référence vers lequel on pourra retourner son attention chaque fois qu’elle fléchit : cela peut être la respiration, la symétrie du mouvement des bras et des jambes, ou simplement les bruits autour de soi. « Essayez par exemple de prêter attention à la façon dont le vent siffle à vos oreilles, conseille Benjamin Romkes. Grâce à la course méditative, vous aurez une plus grande conscience de votre environnement et de vos sens, une meilleure capacité de concentration, et vous apprendrez à mieux vous connaître. Courir peut être merveilleusement relaxant, mais courir en méditation rend aussi plus clairvoyant : observez ce qui se passe en vous lorsque votre petite voix intérieure vous demande de vous arrêter, ou lorsqu’il se met à pleuvoir. Méditer va vous préserver contre les petites irritations inévitables et vous permettre de ne pas ruminer sans fin : dans cet état d’esprit, la pluie fait juste partie du jeu. »

Un corps fait pour bouger
Certes, un exercice de pleine conscience ne nécessite pas obligatoirement une paire de baskets, mais les deux vont très bien ensemble. Comme le dit Sakyong Mipham Rinpoché, l’esprit a besoin d’immobilité, le corps de mouvement. « Nous sommes faits pour bouger, explique Benjamin Romkes, et la méditation en courant ne va pas juste enrichir notre pratique de la course ; elle va aussi enrichir notre vie tout entière : on est plus présent et on a moins tendance à passer en pilote automatique. On améliore l’ordinaire ! »
Et pas besoin de grand-chose pour ça : enfilez vos baskets et allez-y. Mais surtout, conseillent les coureurs méditatifs, laissez votre musique à la maison, car elle a tendance à donner un tempo qui masque votre rythme naturel et vos sens. Sakyong Mipham Rinpoché explique : « La musique est une façon d’engourdir l’esprit jusqu’à ce que le corps ait fini de courir. Elle apporte peut-être motivation et énergie, mais elle risque aussi de vous distraire. »
Alors profitez de la vue, sentez le vent sur votre peau et la façon dont vos pieds entrent en contact avec le sol, et vous parviendrez à rester dans l’instant présent. Après un jogging, tout comme après une séance de méditation, vous ne vous sentirez probablement pas tout de suite plus inspiré, nous rappelle Sakypong Mipham Rinpoché, mais votre sentiment de bien-être aura certainement augmenté.

Photo : Joao Ferreira/Unsplash

Pour aller plus loin :
* Courir comme on médite, Sakyong MIPHAM, éditions Trédaniel

Profonde relaxation avec le yoga du sommeil…

« C’est comme si on m’avait pris par la main pour m’emmener dans un endroit sûr et chaleureux. Je me suis retrouvée au milieu d’un espace-temps où seul régnait le calme de la respiration. Je n’avais RIEN besoin de faire. Sauf d’écouter une voix, ce qui allait tout seul. Bien entendu, j’étais parfois un peu distraite, mais finalement mon attention revenait toujours vers la voix sans que j’aie besoin de faire d’effort. Un état entre sommeil et éveil qu’il faut vraiment vivre. »
C’est ainsi que Fidessa Docters van Leeuwen décrit avec justesse sa première expérience du yoga nidra dans le livre Slaapyoga (Yoga du sommeil), écrit avec Kirstin Hanssen. Fidessa n’est pas la seule à être enthousiaste. Vous pouvez trouver sur Internet une multitude de témoignages de personnes qui ne se sont jamais senties aussi détendues qu’après une séance de yoga nidra. Les mauvais dormeurs qui font les exercices le soir s’endorment plus facilement. Ceux qui se réveillent plusieurs fois par nuit restent éveillés moins longtemps. Mais les gens parlent aussi d’esprit plus calme, de meilleure concentration, d’un surcroît d’énergie et de créativité, et même d’amour pour eux-mêmes. Et honnêtement, l’auteure de cet article (qui pratique depuis peu le yoga nidra) s’y reconnaît.

Cinq corps énergétiques
Yoga nidra signifie “yoga du sommeil” ou “sommeil du yogi”. Cette technique a été mise au point vers 1950 par Swami Satyananda Saraswati, fondateur de la Bihar School of Yoga, en Inde. Il a découvert qu’il existe un stade entre l’éveil et le sommeil au cours duquel vous n’êtes plus vraiment éveillé, mais où vous ne dormez pas encore. Lorsque vous atteignez cet état, la tension quitte votre corps et votre tête. Contrairement à d’autres formes de yoga, le yoga nidra ne connaît pas de postures assises ou debout. Vous êtes allongé aussi immobile que possible dans la posture savasana, la posture finale de (presque) tous
les cours de yoga, éventuellement sous une couverture. Pendant une séance de yoga nidra, une voix vous guide à travers les différentes phases de l’exercice. Vous n’êtes pas censé susciter vous-même ces différentes étapes dans votre tête, mais vous laisser accompagner. Car vous devez pouvoir vous détendre complètement et ne rien faire activement. « Le yoga nidra est axé sur les cinq couches qui nous composent, les koshas, également appelés corps énergétiques », explique Rolf van Baalen, professeur de yoga et expert du yoga nidra. Selon la philosophie du yoga, nous n’avons pas seulement un corps physique de chair et d’os, mais aussi un corps énergétique, mental, intellectuel et spirituel. Une séance complète touche toutes ces couches. Par ailleurs, dans le yoga nidra, il y a autant de professeurs que de styles. Vous avez des séances de dix minutes et d’autres d’une heure ou plus. Bien entendu, les plus courtes vont moins en profondeur que les plus longues. Parfois, cinq corps énergétiques sont touchés, et parfois uniquement deux ou trois.

Déroulement d’une séance
Une séance commence presque toujours par une brève série relaxante d’exercices de respiration et de conscience : vous prenez conscience de la pièce dans laquelle vous vous trouvez et de la façon dont vous êtes allongé. Ensuite, vous déterminez l’intention de la méditation : le sankalpa. Il s’agit d’un genre de mantra consacré au but auquel vous désirez parvenir. Par exemple : « Je suis mon intuition », « Je suis amour » ou « Je me détache de mes peurs. » Vient ensuite un scan corporel tel que nous le connaissons dans la pleine conscience, mais de nature différente. La voix qui guide vous invite à parcourir votre corps de haut en bas, d’avant en arrière et de droite à gauche. Lorsqu’une partie de votre corps est nommée, vous portez votre attention sur elle. C’est rapide, pour que vous ne vous endormiez pas et détaillé. Portez votre attention sur votre « pouce droit, index droit, majeur, annulaire, auriculaire, paume de la main, dos de la main, poignet ». Après ce scan corporel, vous êtes guidé le long des différentes sensations corporelles, par exemple douleur, plaisir, froid, légèreté ou pesanteur. L’exercice est fait pour que vous les éprouviez de façon neutre. Le froid est tout simplement le froid : il n’est ni bon ni mauvais, il est ce qu’il est. Ensuite, plusieurs images sont évoquées, comme le Soleil s’enfonçant dans la mer, un Bouddha rieur, une feuille tombant d’un arbre. Ces visualisations ont pour but de vous détacher d’éventuelles impressions non gérées du passé et de les assimiler. Pour terminer, vous répétez trois fois votre mantra et revenez lentement là où vous êtes, par exemple en agitant vos orteils ou vos mains.

Vous réinitialiser
« Le yoga du sommeil est un genre de sieste énergétique, au cours de laquelle vous restez éveillé », écrivent Fidessa et Kirstin dans leur livre. « C’est une façon simple de vous ressourcer, par exemple après une courte nuit », explique Kirstin Hanssen. Vous ne faites pas les exercices seulement pour mieux dormir, mais aussi pour vous réinitialiser dans la journée. « Ils vous vident la tête et clarifient vos pensées. C’est aussi une aide précieuse lorsque j’ai une dure semaine de travail avec beaucoup de dates butoirs. Dans ces moments-là, je prends justement le temps pour une séance. » Le professeur de yoga Rolf van Baalen s’en sert surtout pour donner forme à ses intentions. « Dans la vie quotidienne, beaucoup de gens utilisent des affirmations. Ils répètent régulièrement pour eux-mêmes ce qu’ils veulent : plus de bonheur, plus d’amour, une meilleure santé… Mais ce que l’on constate à ce moment-là, c’est que l’esprit se rebiffe. Vous voyez toutes sortes d’obstacles sur votre route et échafaudez toutes sortes d’hypothèses sur les raisons pour lesquelles vous ne le méritez pas, que l’on appelle les croyances limitatives. Au moment où, pendant le yoga nidra, vous êtes complètement détendu, votre cerveau est silencieux, et ainsi vous y êtes plus réceptif. Pour ma part, cela m’aide à réaliser plus vite cette intention. »

Ondes cérébrales
Vers le milieu du siècle précédent, Swami Satyananda Saraswati a découvert que pendant la pratique du yoga nidra, le subconscient est particulièrement réceptif aux informations. Alors qu’il n’est pas consciemment occupé à écouter des prières et à réciter des mantras pendant cette forme de somnolence, il les retient tout de même. Fidessa et Kirstin l’expliquent dans leur ouvrage. Selon elles, cela viendrait de l’augmentation de la quantité d’ondes alpha dans votre cerveau. Ces ondes alpha font baisser le stress et vous mettent dans un état de concentration optimal. Vous apprenez donc plus vite. Des scanners montrent que le cerveau se met en phase alpha pendant les séances de yoga nidra. Et lorsque vous vous assoupissez tout de même un peu, les ondes alpha-thêta augmentent dans votre cerveau. Selon les auteures, ces ondes thêta, qui sont également perceptibles pendant la méditation, sont comparées parfois à un état de conscience « mental, visuel, imaginatif, comparable à une transe ». Le yoga nidra veille à un bon équilibre entre les différentes ondes cérébrales. Le professeur de yoga Rolf van Baalen met toutefois en garde : il ne faut pas considérer le yoga nidra comme une alternative au sommeil. « On dit souvent qu’une séance équivaut à quatre heures de sommeil. C’est ce dont vous pouvez avoir l’impression, car, après coup, vous vous sentez frais comme un gardon, mais vous aurez toujours besoin de huit heures de sommeil. En outre, je conseille toujours aux gens de s’entraîner à rester éveillés et d’aller jusqu’au bout de la séance. Si vous vous endormez, ce n’est pas grave, mais vous aurez perdu certains avantages. »

Profonde relaxation
Il n’existe pas encore de vastes études sur l’effet du yoga nidra sur le sommeil. On pense toutefois qu’il s’agit de l’une des méthodes les plus puissantes pour parvenir à un état profond de relaxation. Des études de l’université médicale Chatrapati Sahuji Maharaj, en Inde, ont montré que le yoga nidra fait baisser la tension des femmes atteintes de troubles menstruels. Il semble en outre pouvoir réduire les symptômes du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), ont constaté des chercheurs du Centre médical militaire Walter Reed, de Washington.

Mettez-vous à l’œuvre
Vous pouvez vous rendre à des séances de yoga nidra données par un professeur. Demandez si cela se pratique à l’endroit où vous pratiquez déjà le cas échéant ou tapez dans votre moteur de recherche “yoga nidra” suivi de l’endroit où vous habitez.
Vous pouvez également faire les exercices à la maison. La seule chose dont vous avez besoin, c’est d’un endroit silencieux où vous ne serez pas dérangé, de vêtements confortables et de l’enregistrement d’un cours de yoga nidra. Vous en trouverez gratuitement sur YouTube. Vous pouvez aussi vous procurer des cours, par exemple par le biais de casayoga.tv/d-yoga-nidra-en-ligne ou de yogaindra-online.com – vous pouvez y télécharger un cours complet.

Texte C Elzes
Photo Zoltan Tasi/Unsplash

6 postures de do-in yoga pour favoriser énergie, joie de vivre, santé et détente

Posture 1 – Poumons
Renforce la résistance et donne de l’énergie
Mettez-vous debout, les jambes légèrement écartées, les orteils un peu vers l’extérieur. Accrochez vos pouces derrière vous.
Inspirez et regardez vers le haut, rapprochez vos omoplates, ce qui ouvre la cage thoracique. Expirez et penchez-vous vers l’avant à partir des hanches. Étirez les bras vers le haut en rapprochant les omoplates et en les tirant vers le bas. Si vous n’arrivez pas à éloigner les bras du dos parce que vos épaules sont trop raides, ce n’est pas grave ; faites l’exercice dans la mesure de vos possibilités. Remontez après cinq à dix respirations. Accrochez à nouveau les pouces en inversant leur position et reprenez l’exercice.
L’idéal est de pratiquer le matin, avant le petit déjeuner, et dans tous les cas avec l’estomac vide. Mais effectuer les exercices le soir peut permettre d’évacuer les tensions accumulées durant la journée, qui bloquent la circulation de l’énergie.
* Si vous souffrez d’hypertension, faites l’exercice sans vous pencher en avant.

Posture 2 – Estomac et rate
Stimule la digestion et favorise l’ancrage
Debout, placez votre poids sur une jambe et levez l’autre pied vers la fesse. Saisissez-le avec la main. Gardez les genoux serrés. Poussez la hanche vers l’avant et le coccyx vers le bas pour soulager le bas du dos. Étirez le haut du corps vers le haut. Pour rester en équilibre, il est bon de fixer un point précis, mais vous pouvez également chercher un léger appui ou vous appuyer contre un mur imaginaire avec votre main libre. Changez de jambe après cinq respirations calmes.
* Il est tout à fait possible de prendre les postures indépendamment l’une de l’autre, mais leur action est renforcée lorsqu’on effectue la série entière. C’est un coup de fouet énergétique pour tout l’organisme !

Posture 3 – Cœur et intestin grêle
Aide à apaiser les émotions et à ressentir le calme intérieur
Asseyez-vous et pliez la jambe droite par-dessus la gauche, de sorte que les genoux soient l’un au-dessus de l’autre. Les pieds sont posés sur le sol. Si cette position vous fait mal aux genoux, vous pouvez tendre la jambe gauche. Levez maintenant le bras droit, pliez-le et posez la main entre les omoplates. Montez la main gauche derrière vous, le bras plié et essayez d’accrocher les doigts des deux mains. Si vous n’y arrivez pas, tenez un foulard entre vos deux mains. Relâchez après cinq à dix respirations calmes et reprenez l’exercice de l’autre côté.
* En suivant l’ordre proposé ici pour les postures, vous suivez l’“horloge des méridiens”, ce qui leur permet de se transmettre leur énergie de manière optimale.

Posture 4 – Vessie
Renforce la colonne vertébrale
Asseyez-vous en tailleur. Laissez tomber la tête vers l’avant ; si vous sentez que cela tire trop dans la nuque, n’insistez pas. Placez ensuite les mains sur l’arrière de la tête et laissez tomber les coudes. Retirez les mains après cinq à dix respirations et reprenez une position assise droite.
* Après les exercices, il est conseillé de boire de l’eau ou du thé tiède pour éliminer les toxines ainsi libérées.

Posture 5 – Triple réchauffeur
Renforce le système immunitaire et donne une sensation de force
Debout, les pieds joints, tendez le bras droit devant la poitrine, la paume de la main vers l’arrière. Pliez votre bras gauche autour de l’avant-bras droit (le plus près possible du coude) et tirez le bras droit vers vous avec le bras gauche. Regardez en face de vous. Vous étirez ainsi le “triple réchauffeur” (un thermostat corporel qui protège l’organisme tant sur le plan physique qu’émotionnel) dans l’épaule et le bras droits et sur le côté gauche du cou. Changez de côté après cinq respirations calmes et répétez deux fois l’exercice.

Posture 6 – Vésicule biliaire
Stimule l’intuition et aide à dissiper le doute et l’incertitude
Asseyez-vous en tailleur. Placez la main gauche sur le sol, près de vous. Sur une inspiration, soulevez le bras droit au-dessus de l’oreille et penchez-vous vers la gauche. Gardez le bassin au sol, tout en étirant la main droite le plus loin possible. Respirez dans les côtes droites, comme si vous vouliez étirer les muscles intercostaux. Laissez l’épaule gauche détendue, vers le bas. Gardez la posture pendant cinq respirations calmes, puis changez de côté. Dans cette position, vous sentez le méridien de la vésicule biliaire s’étirer le long de la cage thoracique.

 

À la recherche de son poids naturel…

Happinez : Depuis déjà plusieurs années, vous plaidez avec ferveur pour l’alimentation végétale. Comment l’avez-vous découverte ?
Lisette Kreischer : Pendant mon adolescence, je me suis beaucoup intéressée à l’alimentation et à son impact sur le monde, comme la souffrance animale et les conséquences sur l’environnement. Je trouvais des défauts à tout. À la moindre barre chocolatée, je me disais : “Ah, ces multinationales qui détruisent la planète ! En plus, il y a du lait de vache dedans, donc ce truc est lié à l’industrie de la viande.” J’en étais arrivée à l’idée que je ne pouvais plus rien manger, tout me dégoûtait. Je ne me nourrissais plus que de pommes de terre, de légumes et de burgers végétariens, et je me suis mise à perdre beaucoup de poids. À un moment, je m’habillais en taille 36 et je pesais 52 kg pour 1,74 m. On me faisait plein de compliments sur ma ligne, mais moi je me sentais terriblement mal. J’avais tout le temps froid, mon cycle menstruel était déréglé et je souffrais de troubles intestinaux. Super, la taille mannequin, mais je me sentais faible et éteinte. J’ai compris que je devais trouver une façon de manger qui me corresponde et qui ne me cause pas de stress, donc qui soit entièrement dépourvue de produits animaux ou d’origine animale, comme les produits laitiers. C’est à cette époque que j’ai découvert les épiceries bio ; tout un monde d’idées et de saveurs s’ouvrait à moi. Tous ces merveilleux légumes de saison et ces rayons entiers de céréales et de fruits à coque ! J’ai commencé à préparer de bons petits plats avec ces produits et, petit à petit, j’ai retrouvé le goût de manger. C’était le début de la “mode” du lait de soja, je pouvais donc moi aussi boire des cappuccinos et faire des gâteaux sans produits laitiers. J’aimais tout, je me suis mise à mieux manger et j’ai repris du poids, et plus je grossissais, plus j’étais heureuse. Je sentais grandir ma force de vie.

Le sous-titre de votre dernier livre Plant Power (non traduit en français) est : Trouvez votre poids naturel avec la cuisine végétale. Que voulez-vous dire par poids naturel ?
C’est le poids qui vous correspond, celui auquel vous vous stabilisez sans trop d’efforts, qui donne un sentiment d’équilibre. J’ai fini par arriver à 65 kg et je m’y maintiens depuis 10 ans maintenant, quoi que je mange. Votre poids naturel peut être plus ou moins élevé, cela dépend de la taille et de la carrure de chacun.

Qui dit “atteindre son poids naturel” pense automatiquement “être le plus mince possible”, mais apparemment ce n’est pas du tout la même chose ?
Tout à fait, et je tiens à le faire comprendre aux gens. Le poids naturel n’a rien à voir avec le poids idéal dont parlent les médias. Le poids idéal est un combat pour la perfection et l’idée qu’on s’en fait est définie par le monde extérieur. J’espère au contraire inciter les gens à voir les choses différemment. Qu’est-ce qui vous convient ? Qu’est-ce qui est naturel pour vous ? Quel poids vous permet d’être au top de votre énergie et de votre santé ?

En quoi la cuisine végétale peut-elle nous y aider ?
D’après ma propre expérience, l’alimentation végétale marche très bien, c’est une manière de manger qui m’aide à vivre plus lucidement. Elle dissipe le brouillard, en quelque sorte. Ce n’était pas le cas lorsque je mangeais des produits animaux. Je me sentais souvent moins vive. Cela vient du fait qu’il faut beaucoup plus de temps pour digérer la viande ; elle ralentit le corps. L’alimentation végétale pèse moins sur l’organisme. Elle est assimilée beaucoup plus vite, ce qui laisse plus d’énergie à disposition. En outre, elle contient tous les nutriments dont l’homme a besoin pour vivre : protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux. Pour m’assurer que la valeur nutritive des recettes de mon livre était correcte, je me suis fait aider par une diététicienne. Je voulais prouver qu’on pouvait atteindre sa ration de calcium, de protéines et de vitamines essentielles en
ne mangeant que des végétaux.

Pourtant, on dit souvent qu’à la longue des carences apparaissent lorsqu’on mange végétal. Comment les prévenir ?
Surtout en mangeant varié. Le risque d’une alimentation trop monotone est le même avec l’alimentation végétale qu’avec une alimentation traditionnelle. Il est évident qu’il ne faut pas manger tous les jours du tofu ou des pois chiches, ou seulement des légumes et pas de glucides ou de fibres. Il s’agit de trouver les bonnes associations et de préserver l’équilibre. Pas besoin de faire d’études approfondies sur le sujet, il n’existe pas de lois inflexibles, il faut simplement veiller à alterner fruits à coque, céréales, légumineuses, graines, légumes, fruits et algues. Chacun a sa propre constitution, son propre corps. Et chacun doit l’écouter.

Écouter son corps, qu’est-ce que cela veut dire ?
Par exemple, prendre un peu de recul lorsqu’on a envie de quelque chose. Imaginez que vous avez une envie de sucré. Souvent, cela a à voir avec le niveau d’énergie, c’est que vous avez besoin d’un apport en sucres. Inutile de vous jeter sur le premier paquet de biscuits venu, puisqu’une pomme ou une poignée de dattes feront, elles aussi, remonter votre glycémie, mais de manière saine. Autre exemple : vous avez une irrépressible envie de chips. Souvent, cela cache un besoin de sel. N’ouvrez donc pas tout de suite le sachet, mais passez en revue votre journée : avez-vous déjà mangé un aliment salé ? C’est un bon début que d’apprendre à faire une pause avant d’ouvrir le frigo. Et lorsqu’on comprend la demande de son corps, on peut y répondre sainement.

Comment passer à une alimentation plus végétale ?
Analysez votre façon de manger et repérez ce que vous pouvez modifier. Je conseille de procéder par étapes, en commençant par exemple par le petit déjeuner ou le déjeuner dans un restaurant d’entreprise. Mais au dîner, vous pouvez remplacer la viande par des fruits à coque et des légumes secs. Et le matin, buvez de temps en temps un smoothie vert à la place de votre café au lait. Dans votre bol de céréales, remplacez le lait de vache par de l’eau, du lait de riz ou d’amande. Il suffit de chercher ce qui vous convient et surtout ce qui vous plaît.

Et on finit par supprimer complètement la viande ?
Ah, je ne dirais jamais ça. Qui suis-je pour poser des interdictions ? Dès que l’on s’interdit quelque chose, on se complique inutilement la vie. C’est le cas pour certains végans : ils font souvent des choix pour marquer leur opposition à quelque chose, par exemple la souffrance animale dans l’élevage industriel. Mais est-il sain d’être toute sa vie en lutte ? C’est surtout un facteur de stress, je le sais d’expérience. Heureusement, de plus en plus de gens optent pour l’alimentation végétale parce qu’ils y gagnent de l’énergie physique et le plaisir de se régaler. Ce mode d’alimentation apporte tout ce qu’il faut pour se sentir en pleine santé. Je ne pense pas qu’on y parvienne avec une alimentation à base de viande, de poisson et de produits laitiers. S’il vous paraît inenvisageable de supprimer ces produits de votre assiette, continuez tranquillement à en manger, mais essayez quand même de faire des repas exclusivement végétaux un ou deux jours par semaine. Si vous commencez la journée avec un petit déjeuner tout végétal, vous remarquerez naturellement la différence et vous aurez envie de le faire de plus en plus souvent. Ma façon de manger évolue toujours. J’adorais les sucreries, mais je constate que j’ai de moins en moins besoin de sucre. Je n’aurais jamais imaginé ne pas avoir envie de dessert, pourtant, c’est parfois le cas.
Mon père est peut-être le meilleur exemple des changements que l’alimentation végétale peut apporter dans votre vie. Autrefois, il lui fallait toujours son plat de viande-légumes-pommes de terre. Lorsque je suis devenue végétarienne, je préparais de temps en temps du jus de viande végétal. Mon père s’est rendu compte que ça n’avait pas si mauvais goût sur ses pommes de terre sautées. Quand je me suis mise à manger exclusivement végétal, il y avait souvent des yaourts de soja dans le réfrigérateur. De plus en plus souvent, il en prenait un à la place d’un yaourt normal. À un certain moment, il a remarqué qu’il ne s’était jamais senti aussi bien. Il se levait plus facilement le matin et sa condition physique s’améliorait. Certaines personnes de son âge commençaient à souffrir de petits maux, tandis que lui, à 64 ans, se sentait au contraire en pleine forme. En mangeant plus sainement, il prêtait aussi plus d’attention aux besoins de son corps. Comme le besoin de détente. Aujourd’hui, il pratique le yoga tous les mardis et il adore ça. Si, il y a trois ans, je lui avais conseillé d’en faire, il se serait sans doute moqué de moi. Mon père est la preuve vivante que, même pour quelqu’un d’âgé et de très habitué à un certain mode d’alimentation, cela vaut toujours la peine de changer.

QUEL EST VOTRE POIDS NATUREL ?
Voici ce qu’explique la diététicienne Karine Hoenderdos : « Notre corps aspire à un poids qui lui procure une sensation de bien-être et qui reste relativement stable sans trop d’efforts. Vu que nous mangeons et bougeons chaque jour un peu différemment, c’est un véritable tour de force que notre corps soit capable de se maintenir en équilibre ! Cet équilibre est mis à l’épreuve par notre instinct archaïque. Les hommes préhistoriques avalaient tout ce qu’ils trouvaient parce qu’ils ne savaient jamais quand ils retrouveraient assez à manger. Cette pulsion existe toujours en nous. Les personnes qui réussissent à conserver un poids stable s’intéressent consciemment à leur alimentation. Elles ont par exemple un rapport naturel à l’appétit et à la satiété, s’arrêtant de manger dès qu’elles se sentent rassasiées. Le poids naturel ne correspond pas forcément au poids idéal. Par exemple, vous voudriez peser 60 kg mais cela vous coûte beaucoup d’efforts. Si vous pouvez accepter qu’il vous est plus facile de vous maintenir à 62 kg, vous observerez un regain d’énergie et un meilleur équilibre physique. »

QUI EST LISETTE KREISCHER ?
Devenue végétarienne à 10 ans et végétalienne à 20, elle a fait son mémoire de fin d’études à l’académie de design Artemis sur le concept durable Veggie in Pumps. Elle s’est donné pour mission de montrer qu’on pouvait être belle et branchée tout en étant fi dèle à ses convictions écologiques. Par le biais de sa plateforme Veggie in Pumps, elle a lancé son ecofabulous lifestyle.

Texte E. Beijers

Rituels du soir pour trouver facilement le sommeil…

Revenir au calme
Le soir, yoga et méditation sont d’excellents moyens de se vider la tête et de plonger son esprit dans le calme et la détente. Cinq minutes de méditation suffisent pour faciliter l’endormissement et favoriser un sommeil réparateur. Une pratique régulière réduirait même la durée de sommeil nécessaire pour se sentir en forme. Raison de plus pour vous y mettre dès aujourd’hui. Après vous être préparé pour la nuit, asseyez-vous sur votre lit dans la position du lotus, fermez les yeux et respirez calmement par le nez. Vous pouvez murmurer un mantra –˛Om par exemple, le son primordial. Si vos pensées s’égarent, ramenez-les gentiment vers votre mantra. Cinq minutes plus tard, vous serez si détendu que vous n’aurez plus qu’à vous allonger pour plonger dans les bras de Morphée.

Équilibrer
Les massages entraînent la chute du taux de cortisol (hormone du stress) dans le sang et stimulent la production de mélatonine (hormone du sommeil). Ajoutez-y un parfum agréable et apaisant. La lavande, par exemple, atténue le stress, le sentiment d’abattement et l’anxiété ; la camomille, elle, calme le système nerveux central. Effectuez de longs effleurements sur tout le corps, toujours en direction du cœur pour bien éliminer les toxines. Terminez en buvant une infusion de plantes pour l’hydratation.

Purifier
Les yogis utilisent la respiration alternée depuis des millénaires. On dit que cette technique respiratoire particulière harmonise le système nerveux et rééquilibre l’activité des deux hémisphères cérébraux. Elle contribue également à apaiser le corps et l’esprit, à abaisser la pression artérielle et à lutter contre les bouffées de chaleur nocturnes. Allongez-vous sur le côté et bouchez votre narine droite avec l’index, inspirez lentement par la narine gauche, bloquez votre respiration quelques instants, relâchez la narine droite et bouchez la gauche avec le pouce, puis expirez par la narine droite. Inspirez par la narine droite, bloquez l’air, relâchez la narine gauche et bouchez la droite, puis expirez par la narine gauche. Et ainsi de suite pendant au moins neuf respirations… à moins que vous ne soyez déjà parti au pays des rêves.

Se détendre
Nous utilisons nos mains en permanence, mais pensons-nous à la quantité de stress qu’elles peuvent emmagasiner ? Prendre soin d’elles relance la circulation de l’énergie vitale (prana). Comme la plante des pieds, les mains possèdent des points d’énergie qui correspondent aux différents organes et fonctions de l’organisme. Par conséquent, un simple massage des mains profite en réalité à tout le corps.
Utilisez une huile naturelle (d’amande par exemple), à laquelle vous pouvez ajouter une goutte d’huile essentielle de lavande pour une senteur apaisante. Massez l’éminence thénar (à la base du pouce), la paume, puis tous les doigts, l’un après l’autre, sans oublier les ongles. Frictionnez le dos de la main, puis effectuez quelques étirements pour encore plus de détente.

Assainir
Le brossage des dents peut être une corvée expédiée en deux minutes ou, au contraire, un rituel quotidien effectué en pleine conscience. Et si vous remplaciez de temps en temps votre dentifrice par des ingrédients naturels aux propriétés bienfaisantes ?
* La tradition ayurvédique recommande le curcuma pour prévenir les inflammations, garder les gencives saines et blanchir naturellement les dents.
* Le sel de la mer Celtique contient tous les minéraux et oligo-éléments nécessaires. En outre, un rinçage à l’eau salée assainit la bouche et apaise les gencives irritées. On peut aussi l’utiliser pour le brossage, afin de renforcer les gencives et de purifier la langue.
* Un rinçage à l’eau de menthe est un moyen naturel de désinfecter et de purifier la bouche, et de rafraîchir l’haleine.
* Le clou de girofle est utilisé depuis bien longtemps en cas de mal de dents en raison de ses propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes. Pour lutter contre les bactéries et rendre les dents plus blanches, déposez deux gouttes d’huile essentielle de clou de girofle sur votre brosse à dents et brossez.

Se réchauffer
Boire une tisane avant d’aller dormir est une bonne habitude ! Réchauffer l’estomac aide en effet à apaiser le corps et l’esprit. Les plantes qui aident à mieux dormir sont la camomille, qui détend et améliore le sommeil profond ; la fleur de sureau, qui contribue naturellement à un sommeil réparateur ; la mélisse et la valériane, qui ont une action apaisante. Ajoutez-y un bâtonnet de cannelle pour vous réchauffer le cœur.

Éclat
Autrefois, un long brossage des cheveux faisait partie intégrante du rituel du soir. On comptait même les coups de brosse, 100 étant le nombre magique à atteindre. En fait, c’est la répétition du mouvement qui produit un effet apaisant, presque méditatif. Choisissez une brosse à poils naturels et brossez toute la longueur des cheveux en partant des racines. Le brossage assure aussi le massage du cuir chevelu, ce qui stimule la circulation du sang et la pousse des cheveux.

Texte M Hordijk – Tous droits réservés
Photo Andalucia Andaluia/Unsplash

Suivre le rythme des saisons et le “calendrier naturel”

Il existe un printemps, un été, un automne et un hiver pour la vie de notre corps et de notre esprit. Un nouveau découpage de l’année nous rend plus réceptifs à l’instant énergétique et nous aide donc à agir de manière plus ciblée. Le calendrier officiel retarde de six semaines par rapport à la réalité. En prêtant attention au véritable rythme des saisons, nous exploitons à fond les possibilités de renouveau offertes par la vie. Tout ce que nous ressentons au fil des mois devient
de plus en plus profond et concret, nous prenons conscience qu’au fil des saisons, année après année, toutes les facettes de la vie et du travail sont mises en lumière. 

Le calendrier naturel
4 février – 5 mars
Croissance intérieure. Approfondissez le lien avec votre source. Tendez l’oreille, avec attention et précaution, pour entendre une ou deux graines en germination possible, et nommez-les.

5 mars – 5 avril
Reliez l’âme et la forme. Vous pouvez commencer à petits pas, en laissant simplement votre inspiration et vos désirs prendre forme.

5 avril – 5 mai
Quel rôle avez-vous à jouer dans ce monde ? En prenant les choses comme un jeu, vous découvrirez de nouvelles opportunités. Saisissez-les, même si elles vous paraissent audacieuses. Jetez-vous à l’eau.

5 mai – 6 juin
Une période où les situations peuvent changer radicalement, souvent par à-coups. Essayez d’analyser ce qui cherche à sortir et à quoi cela se heurte. Arrivez-vous à affronter la réalité sans entrer en conflit ?

6 juin – 7 juillet
Pleine présence au monde. L’année est à son apogée, mais, bien que cela soit tentant, n’épuisez pas aveuglément votre énergie.

7 juillet – 7 août
Renforcez vos liens avec le monde extérieur, apprenez à naviguer sous vent contraire. Faites doucement mûrir vos élans créatifs et tentez de repérer vos faiblesses. Prêtez attention aux détails.

7 août – 7 septembre
Maintien de la continuité, vue d’ensemble des acquis externes. C’est la période où il importe d’être avec les autres, car on fait preuve d’ouverture sans difficulté. Préparez-vous à l’automne en prenant des engagements clairs.

7 septembre – 6 octobre
Ralentissez, agissez calmement à partir de votre source intérieure. Ne vous mettez pas sur le devant de la scène, accomplissez vos activités dans le plus grand calme. Le moment de la croissance vers l’extérieur prend fin.

6 octobre – 6 novembre
Faites le bilan, réfléchissez, jugez, mettez de l’ordre. Vivez au niveau le plus profond de l’existence, comme une femme enceinte : dans la pureté et l’attente paisible. La discipline se mettra en place d’elle-même.

6 novembre – 5 décembre
Abandonnez vos illusions, élaguez. Renoncez à ce que la vie n’offre plus ; éliminez le superflu. Repérez lesquels de vos actes sont de qualité, lesquels ne le sont pas.

5 décembre – 4 janvier
Renoncement et repli sur soi. Repos et acceptation. En particulier entre Noël et l’Épiphanie, gardez le calme et le silence ; c’est la période la plus statique de l’année. Ne vous lancez dans de nouvelles activités qu’après la mi-janvier. C’est dans le vide que notre identité profonde se révèle le mieux.

4 janvier – 4 février
Qu’est-ce qui cherche à émerger à travers vous ? C’est l’époque de l’hibernation, où l’énergie se régénère pour que la vie puisse renaître d’elle-même.

Photo Chris Lawton/Unsplash

Choisissez-vous ou êtes-vous choisi ?

“ Vos pensées, vos actes, vos habitudes et votre caractère déterminent ce qu’il advient de votre vie. ”

Un jour, il y a plusieurs années, j’ai refusé une invitation qui aurait pu changer radicalement ma vie. Je n’en avais pas encore conscience. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert quelle chance j’avais laissé passer, et plus tard encore que j’ai compris pourquoi. La situation ? On m’avait invitée à une nouvelle émission de télévision qui devait être diffusée en direct. Je devais y commenter brièvement un événement de la semaine précédente. Si l’expérience se révélait concluante, je pouvais devenir l’éditorialiste attitrée de l’émission. J’étais honorée que l’on fasse appel à moi, et cela me semblait un défi passionnant. Malheureusement, je n’étais pas libre le soir de la diffusion, car j’avais prévu une sortie avec mon compagnon. Il avait déjà acheté les places pour le spectacle. J’ai donc décliné l’invitation. « Après tout, pensai-je alors, ma vie sentimentale prime sur ma carrière. » La télé ne s’en soucia guère – les candidats ne manquaient pas – et une autre femme obtint le poste et devint par la suite une présentatrice célèbre et populaire.
La soirée avec mon compagnon ne se déroula quant à elle pas du tout comme je l’avais espéré. Je venais de faire un choix important pour notre couple et je m’attendais donc à ce qu’il me témoigne encore plus d’amour et d’attention. Mais nous n’étions pas encore installés dans nos confortables fauteuils rouges qu’il me fit part de son nouveau projet : il allait écrire un roman érotique avec une autre femme. « Quoi ! criai-je, verte de jalousie rien que d’y penser. C’est pour ça que j’ai refusé ce programme télé ? Si tu fais ça, c’est terminé ! » À l’entracte, je suis tombée dans les escaliers. De retour à la maison, couverte de bleus et d’éraflures, je commençai à regretter ma décision. Cette chance en or de me lancer à la télévision venait de me passer sous le nez, tout ça pour ce coureur de jupons ! Pourquoi fallait-il toujours que je privilégie ma vie amoureuse aux dépens de mes propres intérêts ?

Le libre arbitre : une illusion ?
On peut en effet se demander pourquoi nous prenons certaines décisions plutôt que d’autres. Certains croient que tout est écrit d’avance, que je n’avais d’autre choix que de prendre cette décision, car tel était mon destin à ce moment-là. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette conception est partagée par certains scientifiques et cercles spirituels. Dans le monde des sciences, la question de savoir si l’homme dispose ou non d’un libre arbitre est loin de faire l’unanimité, et certains neurologues défendent mordicus que le libre arbitre est une illusion. Nous croyons faire des choix importants, mais il n’en est rien, car tout notre parcours serait déterminé depuis longtemps. Notre inconscient jouerait un rôle bien plus important que ce que l’on veut bien croire, comme l’attestent certaines expériences en laboratoire et cet inconscient serait en grande partie défi ni par notre passé. On appelle cela le “déterminisme”. L’idée est que les gènes que nous possédons depuis la naissance, mais aussi l’éducation qui nous a formés, les circonstances dans lesquelles nous vivons, la météo qu’il a fait un certain jour et toutes sortes d’autres facteurs dictent nos choix. Notre “moi” est convaincu qu’il prend toutes les décisions, alors qu’en réalité il ne ferait que les justifier a posteriori.
D’autres neurologues s’opposent à cette conception et avancent que chaque choix est réalisé de façon partiellement inconsciente, mais que nous sommes malgré tout en mesure de nous y opposer grâce à notre “moi” conscient. Nous sommes fortement influencés par notre passé et par l’environnement dans lequel nous évoluons, mais nous disposerions en quelque sorte d’un droit de veto.
On retrouve à peu près le même débat, formulé certes en d’autres termes, au sein de plusieurs courants spirituels. Les uns défendent que, quoi que nous fassions ou pensions, notre destinée est déjà écrite depuis longtemps dans le grand livre de Dieu. Jadis, l’homme disposait de différents dieux spécialement affectés à cette écriture de notre vie. Les Grecs, par exemple, vénéraient les Moires, les “divinités du destin”, qui étaient au nombre de trois : Clotho tissait le fil de la vie de chaque homme ; Lachésis l’enroulait ou le déroulait, selon la portée de la vie en question ; et Atropos le coupait au moment prédestiné de la mort.
De son côté, l’hindouisme voit les choses différemment et croit au karma. La manière dont nous avons mené vos vies antérieures détermine en grande partie notre vie actuelle et le sort de notre personne. Nous sommes donc la cause de ce que nous vivons actuellement, mais tout cela s’est joué lors de nos précédentes vies et nous pouvons donc difficilement culpabiliser dans cette vie-ci. Nous devons vivre avec, et faire de notre mieux. C’est ainsi que nous pouvons recréer un karma positif.
Dans l’islam, les croyants se réfèrent, pour tous les événements, qu’ils soient bons ou mauvais, à la volonté d’Allah. « Inch Allah » (si Dieu le veut), ajoutent-ils souvent au moment de prendre une décision. Sans cela, rien ne se produira.

Semer et récolter
Croire en une destinée écrite à l’avance n’est pas forcément absurde. C’est en tout cas extrêmement rassurant, car cela nous exonère de toute responsabilité à l’égard de ce qui nous arrive. Mais tout n’est pas rose pour autant.
Pour le christianisme – la tradition qui a façonné notre culture et qui nous a donc, nous aussi, façonnés –, la question de savoir si Dieu a tout prévu ou non fait encore débat. La Bible dit d’une part que rien n’échappe à la volonté de Dieu, mais que, d’autre part, Dieu a clairement fait l’homme en lui insufflant cette liberté qui le pousse à désobéir parfois. Toutes les interprétations sont donc possibles, mais disons pour simplifier que les défenseurs du “libre arbitre” ont gagné, et que c’est à cela que nous, Occidentaux, devons notre singularité, ce sentiment de maîtrise sur notre propre vie.
La pensée présentée dans le livre Le Secret en est l’un des plus beaux exemples actuels. L’idée est que vous pouvez demander tout ce que vous souhaitez à l’univers, qui se chargera de vous le procurer. Un peu naïf, me direz-vous peut-être. Mais le fait que tout ce que vous pensez et désirez
infl uence d’une manière ou d’une autre le cours de votre vie n’est pas si fou. Ne sommes-nous pas en permanence en train de choisir ? Nous choisissons avec nos pieds, comme on dit – par nos actions quotidiennes. Ce que vous faites, ou non, vous pousse dans une certaine direction. Même ce que vous pensez ou ne pensez pas y contribue. Lorsque j’étais étudiante, j’avais écrit sur le mur une citation du poète américain Ralph Waldo Emerson, pour ne pas l’oublier : « Sow a thought, reap an action / sow an action, reap a habit / sow a habit, reap a character / sow a character, reap a destiny. »
Sème une pensée et tu récolteras un acte. Sème un acte et tu récolteras une habitude. Sème une habitude et tu récolteras un caractère.
Sème un caractère et tu récolteras une destinée.
Vos pensées, vos actes, vos habitudes et votre caractère définissent ce qu’il adviendra de votre vie. « Vous êtes ce à quoi vous pensez toute la journée », a dit également ce même poète. Cela revient presque au déterminisme que j’évoquais plus tôt, car votre vie est inévitablement la conséquence de votre attitude, de votre état d’esprit. En même temps, cela vous renvoie à nouveau à votre responsabilité. Mais cela dédramatise tous ces moments de choix cruciaux, aux conséquences potentiellement dramatiques. Je n’ai ainsi plus de raison de regretter cette soirée, car ma carrière ne dépendait pas exclusivement de mon refus de participer à une émission de télé. Si j’étais vraiment née pour devenir présentatrice, je m’y serais attelée bien plus tôt. Au lieu de cela, mes pensées, mes actes, mes habitudes et mon caractère m’ont poussée à mener une vie d’auteure. Et cela me convient très bien. Cela me correspond.

Écrit dans les étoiles
Qu’en est-il de l’astrologie ? Notre destin n’est-il pas écrit dans les étoiles ? En grande partie sans doute, mais pas totalement. C’est en tout cas l’avis de l’astrologue Gerhard Toonder. Il avait commencé à étudier l’astrologie pour en démontrer toute l’absurdité. Après s’y être intéressé de très près, il constata que cette discipline n’était pas du tout insensée et que l’horoscope lié à la naissance permettait de prédire de nombreux éléments de la vie d’un individu. « Aussi fou que cela puisse paraître, vous êtes fortement défini par la position des étoiles au moment de votre naissance, dit-il. Mais il reste de la place pour les choix individuels. Si vous avez, par exemple, Neptune en cinquième maison, vous aurez naturellement tendance à privilégier une vie spirituelle. Vous aspirerez à l’éveil, au nirvana, ou quel que soit le nom que vous lui donnez. Par contre, l’horoscope ne vous dira pas si vous terminerez moine dans un monastère zen ou junkie dans le caniveau. Cela dépendra de vos propres choix. »
Un détail qui est tout sauf anodin… Que vous gravissiez le sommet ou dévaliez la pente, c’est à vous seul que revient ce choix fondamental, et heureusement ! Il serait triste que nous ne soyons que des acteurs de théâtre coincés dans le scénario de l’un ou l’autre grand écrivain, sans avoir notre mot à dire. Les neurologues qui croient que vous pouvez exprimer votre veto face aux impulsions émanant de votre inconscient ont donc raison. Vous êtes ainsi guidé – par des facteurs intérieurs et extérieurs – vers un certain choix, mais vous conservez cette petite voix capable de dire non si vous sentez que quelque chose ne vous convient vraiment pas.
Parmi toutes ces pensées, tous ces actes, habitudes et traits de caractère se trouve un moment magique de liberté, une ouverture, une porte vers une autre possibilité.

Le cocher et le maître
La clé du cheminement spirituel réside en fait dans cette instance mystérieuse capable de dire non, de se défaire du passé. Gurdjieff nous comparait tous à des calèches, tirées par deux chevaux, surmontées d’un cocher et transportant à l’intérieur un maître ou un guide. La calèche est notre corps et les chevaux représentent les forces vitales qui nous mènent dans la vie. Nous naissons tous avec une calèche, certains avec un carrosse majestueux, d’autres avec une modeste charrette. C’est comme ça. Le cocher est notre ego et notre personnalité, il représente toutes les influences des parents, des éducateurs, de l’environnement, ainsi que tout ce qui a trait aux talents et aux aptitudes.
Le cocher conduit les chevaux et croit qu’il commande, car s’il souhaite que sa calèche tourne à droite, il pourra très facilement la faire tourner. Toutefois, à l’intérieur de la calèche, confortablement assis, se trouve le maître. Il n’a pas besoin de s’occuper de chaque détail de la route, car il dispose de serviteurs pour cela (dont le cocher). Mais c’est lui qui a indiqué la destination finale du trajet au cocher. Et, s’il devait survenir quoi que ce soit qui lui déplaise, il n’hésiterait pas à rappeler son cocher à l’ordre pour l’envoyer d’un autre côté. Poser le fait que nous n’avons aucun libre arbitre revient à nier l’existence de ce maître et à croire que le cocher est le vrai patron. Ce dernier en est d’ailleurs lui-même souvent convaincu : notre personnalité prend souvent le mors aux dents. Il est tentant d’ignorer ce seigneur à l’intérieur de soi et de suivre son seul ego. Mais quiconque apprécie un tant soit peu la spiritualité ne s’en contentera pas. Le libre arbitre est une possibilité avec laquelle les hommes naissent, voire une mission de développement. Il s’agit d’apprendre à écouter chaque jour un peu mieux cette instance intérieure qui, elle, connaît l’objectif de notre vie. En tant que cocher, vous faites de votre mieux : vous astiquez votre calèche jusqu’à ce qu’elle rutile, vous prenez soin de vos chevaux, vous époussetez votre livrée et vous vous tenez droit et fi er sur votre siège. Si tout se passe bien, vous deviendrez un serviteur chaque jour plus dévoué à votre maître. Vous finirez par vouloir vous aussi ce que veut votre maître. Une volonté que l’on ne découvre souvent qu’a posteriori, à la fin de notre vie.

Mission de vie
J’ai déjà ma petite idée sur la façon dont je rejoindrai le “Ciel” après ma mort, ou du moins un fantasme d’enfant, mais passons. Saint Pierre m’accueille avec son grand livre dans lequel tout est écrit et il me demande : « Dis-moi un peu, qu’as-tu fait de ta vie ?
Je suis devenue écrivaine, lui dis-je. Je n’ai pas réussi à devenir présentatrice de télévision.
Ce n’est pas l’objet de ma question, me rétorque saint Pierre tout en feuilletant son livre. Je t’ai demandé ce que tu as fait.
Ah ! vous voulez peut-être dire ce que j’ai fait pour les autres ? J’ai sûrement amusé mes lecteurs par mes écrits, et peut-être en ai-je même inspiré quelques-uns.
Non, non, ce n’est toujours pas ça. » Saint Pierre secoue la tête face à tant d’incompréhension. Puis il trouve mon nom dans son livre et lit à voix haute :
« Mission de vie : se pencher sur les rapports entre les hommes et les femmes. Objectif : devenir une personne meilleure. Moyen : faire de nombreuses erreurs et en tirer autant d’enseignements.
Ah ! ça, lui réponds-je, c’est en effet ce que j’ai fait, oui. »
Il me sourit d’un air paternel et m’ouvre les portes du paradis.
Ce que je veux dire par là, c’est que peu importe, finalement, que je sois devenue auteure ou présentatrice. J’aurais tout aussi bien pu être femme au foyer ou styliste de mode, actrice ou médecin. Le cocher assis sur le siège de ma calèche trouve peut-être cela important, mais ce n’est pas l’avis du maître à l’intérieur pour qui seule compte la mission pour laquelle vous êtes sur Terre.
Libre à vous de choisir la manière dont vous la remplissez.

Texte L Thooft Photo Nadine Rupprecht/Unsplash

La magie des bols chantants

Un bol chantant est un petit récipient métallique discret. Joli, simple et solide, cet objet prend tout son sens dès que l’on frappe délicatement dessus avec un maillet. Écoutez ! Laissez-vous surprendre par ce son si particulier. Sur un bon bol, celui-ci dure très longtemps, même après un léger coup. Vous ne l’entendez s’affaiblir qu’après une longue minute, voire plus. Autre point surprenant, vous remarquerez que le son se met à pulser, comme un cœur battant. Mais le plus beau, ce sont de loin les harmoniques. Outre la trame de fond, on distingue encore différents sons qui chantent véritablement “en chœur” avec la tonique. Difficile, pour ne pas dire impossible, de ne pas y prêter l’oreille. Mais cet objet n’est pas sans soulever quelques questions. Quelle est donc l’histoire de ce bol si particulier ? D’où vient ce son, où a-t-il retenti pour la première fois ? Et surtout : qu’entend-on réellement ?

Un son visible
L’une des choses les plus amusantes à réaliser avec un bol chantant consiste à rendre le son visible. José van de Wouw, une massothérapeute qui travaille depuis plusieurs années avec de tels bols et organise également des concerts et des ateliers de bols chantants, nous le montre avec plaisir. Elle fait courir un maillet sur le bord d’un bol rempli à moitié d’eau. Un son doux et chaud monte à nos oreilles et commence à chanter et à pulser. Le fond d’eau se met en mouvement, mais pas en formant des anneaux, comme on aurait tendance à s’y attendre. Non, la surface de l’eau semble mise sous tension et se met à vibrer, jusqu’à ce que la tension soit telle que l’eau finit par s’agiter ; des dizaines de minuscules gouttes d’eau sautent à la surface, atteignant presque le bord du bol. C’est comme si l’eau produisait des étincelles. José pose sa main sur le bol chantant pour le faire taire, puis explique que le son résonne dans le bol et que les vibrations pénètrent notre corps : « On constate leur effet sur le liquide et, comme nous sommes composés en grande partie d’eau, la vibration se propage également dans notre corps. » Lors de ses “massages sonores”, elle utilise cinq bols de différentes tailles et tonalités. Le patient est allongé, détendu sur la table de massage, pendant qu’elle fait chanter les bols à côté et au-dessus du corps. Des sons plus graves aux pieds, d’autres plus aigus le long du corps, les tons intermédiaires au niveau de la tête.
Puis elle pose les bols sur le corps : entre les pieds, sur le ventre, sur la poitrine. En faisant sonner les bols, non seulement le patient les entend, mais en plus il ressent une vibration parcourir son corps.

Équilibre et harmonie
Un tel massage sonore est avant tout apaisant. Il est plus facile de nous détacher de nos pensées en présence de sons agréables. Mais après un moment, ces vibrations gagnent véritablement notre corps. D’abord par la plante des pieds et les paumes, puis la sensation semble s’intensifier à d’autres endroits. Est-ce un muscle de notre nuque qui s’exprime ? Et pourquoi notre ventre gronde-t-il de la sorte ? Tout est lié. Pendant un tel massage, nous écoutons non seulement avec nos oreilles, mais aussi avec tout notre corps. Ce grondement ventral est un bon signe : cela signifie que notre corps se détend. « Il arrive que certaines personnes ne ressentent qu’une profonde détente, et c’est déjà très bien. Mais un massage sonore peut également aider à soulager des douleurs physiques, comme des raideurs ou des douleurs à l’abdomen. Il arrive même que cela libère des émotions. La vibration qui parcourt votre corps peut libérer quelque chose, permettant à une émotion de s’exprimer et de s’écouler. »
Dans un tel cas, un massage soulage littéralement. José est également la première à constater l’effet de ces bols sur son humeur et son état d’esprit. Il lui arrive régulièrement de s’asseoir sur un coussin, son bol préféré sur les genoux, puis de le frapper et d’écouter.
« C’est tellement apaisant », confie-t-elle. Une vibration sonore peut-elle réellement pénétrer votre corps, vos émotions, votre énergie ? Le monde occidental, plutôt rationnel, porte un regard assez sceptique sur ce phénomène, mais il n’a rien d’illogique pour la pensée orientale “alternative”. Nous ne formons qu’un avec l’univers, le chant de l’univers vibre littéralement en nous. Disons qu’avec un bol chantant, nous réaccordons notre corps avec la vibration subtile de l’univers et apportons ainsi l’équilibre et l’harmonie à notre corps et à notre esprit. Cette idée de “s’accorder” figure dans de nombreuses expressions quotidiennes : nous pouvons par exemple être ou non “en accord” avec quelque chose. Mais pourquoi cet effet harmonisateur se produit-il avec les bols chantants et non avec un verre de vin ou une clarine ? Ces objets émettent pourtant aussi un son lorsque l’on frappe dessus, non ? Une des nombreuses explications avancées veut qu’un bol chantant soit composé de sept métaux : or, argent, mercure, cuivre, étain, plomb et fer, lesquels possèdent chacun une liaison avec l’un des sept chakras et agissent donc sur nos points les plus intuitifs. Une belle idée en soi, mais qui, si vous en parlez à un forgeron, suscitera surtout un froncement de sourcils.
« Réunir ces sept matériaux dans un seul bol chantant est tout simplement impossible, réfute Ton Akkermans, maître en bols chantants et musicien, mais aussi forgeron et fabricant de bols à ses heures. Si vous ajoutez à l’alliage ne serait-ce qu’une goutte d’or, votre bol ne chantera plus du tout. » N’en déplaise donc à cette belle légende, les bols chantants sont le plus souvent réalisés en deux ou trois matériaux (principalement du bronze), mais cela n’enlève rien à leurs qualités. « Cet alliage de matériaux est nettement moins important qu’on le croit. Si vous me donnez un morceau de votre voiture, je peux en faire un bol chantant. »

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Texte A Wesseling Photo Conscious Design/Unsplash