La fin, nouveau commencement

Chaque phase de la Lune a une force spécifique. La nouvelle lune est un moment favorable pour un commencement : nouveaux projets, nouvelles amours… Quand la Lune croît, les idées et les passions neuves prennent vraiment forme, grandissent rapidement, au rythme de la lune. La période de pleine lune correspond à une explosion d’énergie et de fertilité. C’est le bon moment pour récolter ce qu’on a semé. Quand la Lune décroît, le temps est aux adieux, c’est l’heure du bilan et du détachement, autrement dit la période appropriée pour mettre un terme à quelque chose. Avec douceur, reconnaissance et affection. Naît alors un espace pour un nouveau commencement, et le cycle est bouclé. Dans les sociétés primitives, on profitait de cette phase lunaire pour mettre fin à des relations, pour libérer la douleur et pour jeter la jalousie au loin.

À quoi désirez-vous vraiment mettre un terme ? Cela peut être une relation, un travail, une amitié ou encore une habitude.

Le matériel

* Une bougie
* Du papier et un stylo
* Quatre gouttes d’huile de bois de santal ou d’une autre huile essentielle
* Une boîte en bois ou en papier

Le rituel

Deux jours avant la nouvelle lune

Divisez la bougie en trois parties égales en pratiquant dessus deux encoches. Allumez-la et dites à voix haute ce à quoi vous souhaitez dire au revoir. Puis considérez cette chose sous un jour positif en vous remémorant ce qu’elle avait d’agréable et de valable. Que vous a-t-elle appris ? Vous a-t-elle enrichi ? -Inspiré ? Laissez brûler la bougie jusqu’à la première encoche puis éteignez-la.

La veille de la nouvelle lune

Rallumez la bougie. Concentrez-vous sur ce à quoi vous voulez renoncer puis couchez sur le papier ce que vous éprouvez de désagréable. Quand vous êtes prêt à vous défaire de cette feuille, vaporisez-la d’huile. Avant de brûler le papier, il est important de revenir sur les choses belles et positives liées à la situation. Laissez brûler la bougie jusqu’à la deuxième encoche et gardez les cendres du papier dans une petite boîte.

Le jour de la nouvelle lune

Allez dehors avec la boîte dans un lieu où il y a de l’eau. Soufflez sur les cendres qu’elle contient et laissez l’eau les emporter. Si vous le souhaitez, dites à haute voix que vous êtes prêt pour un nouveau commencement. Enterrez la boîte dans un endroit où vous ne reviendrez pas. Une fois chez vous, rallumez la bougie, laissez-la brûler entièrement. Ensuite, allumez une bougie neuve : elle symbolisera une nouvelle période de votre vie.

Texte Christine Pannebakker
Rituel extrait de Happinez n°1 p.101

Retrouver l’émerveillement

Hypnotisée, je regarde ma nièce de quatorze mois qui joue depuis au moins vingt minutes avec un paquet de Kleenex. Absorbée par ce qu’elle fait, elle porte un doigt sur la languette qui permet de l’ouvrir et la tripote. À un moment donné, elle parvient à ouvrir le paquet. Puis elle le referme. Et le rouvre. Et le referme. On peut lui envier sa capacité à focaliser ainsi son attention. J’éprouve un émerveillement similaire quand mon chien Eddie s’avance vers moi en frétillant de la queue alors que je sors des toilettes pour la sixième fois de la journée. La scène m’amuse toujours.

Candide et sans parti pris

Jouer avec des mouchoirs en papier ou voir quelqu’un sortir des toilettes, ce n’est pas ce que je considère a priori comme un temps fort de la journée. Ce qui apparaît comme nouveau et surprenant aux enfants et aux animaux, je le trouve souvent ennuyeux ou banal. Je ne sais pas au juste à quelle époque j’ai perdu ce regard candide. Alors que je devenais adulte, il a été supplanté par un énième jour, un énième souci, une énième personne ou un énième paquet de mouchoirs. Il n’y a pas forcément de mal à ça. Eddie n’a pas conscience qu’il n’est plus un chien errant et qu’il peut compter sur mon retour quand je disparais – ô mystère ! – au petit coin. Quant à ma nièce, elle ignore que le monde est rempli de Kleenex ; le savoir lui aurait épargné des larmes quand je lui ai pris des mains son paquet tout trempé de bave. L’idéal, ce serait à mon avis de réunir les deux qualités : la candeur de ma nièce et l’absence de parti pris de mon chien, assorties d’une certaine expérience de la vie. Esprit ludique et curiosité associés à une conscience de notre mortalité, de la compassion, de ce qui est important et de ce qui ne l’est pas. Être capable de voir un paquet de mouchoirs comme un miracle et en même temps savoir que notre bonheur n’en dépend pas. Ne serait-ce pas merveilleux ? C’est ainsi, en quelque sorte, que je me suis toujours représenté le Beginner’s Mind, ou “esprit neuf”, tel que l’envisage le bouddhisme zen. L’état dans lequel tout est possible, sans verser dans la puérilité. Dans lequel on peut tout vivre comme si c’était pour la première fois. Sans se bercer de l’illusion que l’on sait déjà tout.

S’entraîner encore… et encore

« L’esprit du débutant contient beaucoup de possibilités, là où celui de l’expert en contient peu », écrit Shunryu Suzuki Roshi dans son ouvrage classique Esprit zen, esprit neuf. Je suis devenue experte en affirmations, reine du “c’est comme ça”. Une attitude plutôt ennuyeuse, qui laisse peu de possibilités. On ne sort des sentiers battus quen redevenant un débutant, en remplaçant le “c’est comme ça, point” par le “comment est-ce ?”, en s’interrogeant constamment. En ouvrant fenêtres et portes de sa propre vie et en oubliant qu’on a su ce qu’était le vent. En tendant les mains et en écartant les doigts pour sentir ce qu’on appelle “vent”. En disant : « Je ne sais pas » quand on ne sait pas. En demandant de l’aide. En gardant sa capacité d’émerveillement et en restant curieux. Qu’il s’agisse de nos rapports aux autres, de notre corps, du travail, de la planète ou des Kleenex. Devenir débutant, ça ne s’apprend pas en un jour, il faut s’y entraîner. Pour y parvenir, il est bien de s’accorder au quotidien, ne  serait-ce que pendant dix minutes, la permission de ne rien faire et de n’être personne. De s’asseoir le dos bien droit et le torse “ouvert” afin de faire en douceur ses exercices d’inspiration et d’expiration. C’est ce qu’on appelle méditer, le terrain le plus fertile pour favoriser un esprit neuf. On redevient aussi un débutant en s’entraînant quotidiennement à lâcher les choses, à repartir de zéro, à ressentir émerveillement et gratitude. C’est pourquoi j’ai conçu un défi à relever en vingt-quatre jours. Vingt-quatre exercices imprimés sur douze cartes (offertes ci-contre). Découpez-les, faites-en un petit tas et tirez-en une chaque matin à votre réveil. Lisez l’exercice “Esprit neuf” de la journée et amusez-vous avec. Quand vous les aurez tous faits, il vous suffira de recommencer… et encore… et encore.

 

© Texte Geertje Couwenbergh
Photographie Jeroen Van Der Spek

Inspiration extrait de Happinez n°1 p.96

Armelle Six

Renaître

Se reconnecter à notre essence, c’est vivre une véritable renaissance. Ce chemin, c’est oser mourir à tout ce qu’on croyait qu’on était pour que se révèle notre essence véritable. Être soi au plus profond de notre être est quelque chose de très puissant dans lequel il n’y a aucune retenue : toutes les balises, tous les conditionnements qui ont été accumulés au cours de notre vie sont lâchés. Ce n’est pas toujours facile car une renaissance implique aussi une mort : celle de toutes les croyances que nous avons eues par rapport à nous et à tout ! Il est sûr qu’au cours de ce cheminement, on va se sentir désorienté, déstabilisé ou vivre tout un tas d’émotions.  S’ouvrir à la vérité de notre être est un bouleversement : il y a toute une image qui s’effondre. Ce que nous croyions être est vu comme n’étant qu’une construction.
Quand on se connecte à la présence que nous sommes, au-delà du corps et de la personne qu’on pense être, on vit l’expression profonde de notre essence, de l’unité derrière toutes choses. On se sent alors comme un Phoenix qui renaît de ses cendres et qui peut enfin voler de ses propres ailes.

“Tous les conditionnements et les barrières tombent quand on suit son cœur.”

Suivre son cœur

Depuis des années, dans ma façon d’accompagner les gens ainsi que dans l’enseignement que je partage, j’explique que plus on s’écoute, plus on suit son cœur et sa sagesse intérieure, plus on se reconnecte avec soi. En effet, tout petit déjà, on nous apprend à nous détourner de notre voix intérieure pour écouter nos parents, les instituteurs… Quelque part on se coupe de cette sagesse, on ne lui fait plus confiance car on a appris à s’en remettre à quelque chose ou quelqu’un d’extérieur, qui semble savoir pour nous. Renaître à soi, c’est réapprendre à écouter notre voix intérieure et à la suivre. Grâce à elle, notre zone de confort va s’élargir, les murs et les conditionnements qui étaient sécurisants à un moment, mais qui, aujourd’hui, sont devenus limitants vont tomber et l’être que nous sommes véritablement va alors se révéler toujours plus fort et plus présent.

Cette idée est vraiment l’essence de ce que je partage : se reconnecter au mouvement de la vie en soi, se remettre à l’écoute de ce qui nous habite réellement.

“Le bonheur sans raison, sans condition est plus que possible, c’est notre droit de naissance !”

Confiance

La confiance est indispensable. Oser est le mot d’ordre ici. Car écouter notre voix intérieure n’est pas toujours confortable. En effet, ce qu’on sent, qu’on entend en soi est parfois à l’encontre de ce que l’on imagine ou de ce à quoi nous sommes habitués. Si on doute, on peut se demander : pourquoi est-ce que la vie serait contre moi ? Elle ne peut être qu’avec moi, car je suis la vie. Lorsque je me connecte à ça, je me rends compte que ce que je veux et ce que la vie me donne sont la même chose. La volonté de Dieu, de la vie, c’est la mienne dans sa plus haute expression. Si ce n’est pas toujours ce que je veux dans l’instant, c’est toujours ce que je veux véritablement.

Cela fait 6 ans que je laisse faire la vie complètement, en suivant ce mouvement intérieur. Quand on arrête d’interférer avec la vie et de croire qu’on sait ce qui est le mieux pour nous, il y a quelque chose de magique et de magnifique qui se met en place… et on peut enfin se détendre ! La vie nous emmène toujours là où on doit être. On peut vraiment faire confiance.

“On a tous une étincelle d’être en nous qui ne demande qu’à être allumée.”

Simplicité

Dans mon expérience, ceci amène inévitablement à une profonde simplicité. On comprend et on vit que le bonheur c’est juste être soi à chaque moment, ce n’est pas avoir une vie originale, être connu ou avoir un compte en banque bien rempli… Le bonheur, c’est le fait d’être connecté à soi. Et ça se vit dans toutes les moments du quotidien.
Dans une société où on a plutôt tendance à vouloir ce que les autres ont ou être ce que les autres sont, ici on se rend compte qu’il n’y a personne d’autre qui peut jouer notre rôle, et que tous les autres rôles sont déjà pris… Alors autant jouer pleinement le rôle de notre vie, et être soi tout simplement.

 

Propos recueillis par Agathe Lebelle pour Happinez

Paroles inspirées de Michael Lonsdale

Qu’est-ce qui vous rend heureux ?

La musique, la bonté, la gentillesse, un sourire, les enfants. Je crois que ce qui a été créé naturellement est ce qu’il y a de plus beau, c’est vraiment la création de Dieu. Pour les chrétiens, le grand amour, la joie, c’est d’essayer d’accomplir ces grandes paroles du Christ, comme : « Si vous n’êtes pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume. » J’adore ça ! Les enfants, eux, croient totalement à leurs jeux. Mon père spirituel m’a dit un jour : « Vous voulez être comédien parce que vous avez des choses à dire, que vous ne pourrez dire qu’en jouant, à travers le je, au sens ‘’je est un autre’’ ». Nous, comédiens, nous jouons toute la journée. C’est capital, l’art c’est ça. Un enfant qui ne joue pas, c’est gravissime. Certains comédiens se rongent les sangs, moi je suis un acteur d’instinct. Je ne travaille jamais un rôle. Il faut laisser venir l’instinct, qui sait très bien ce qu’il faut faire. Et travailler la mécanique de la mémoire, mais il faut aussi en jouer.

Croire, est-ce avoir confiance en l’homme par dessus tout ?

Bien sûr. Prier vous amène à considérer l’essentiel avec simplicité, à essayer de vivre ce que le Seigneur nous demande et qui n’est pas toujours facile. « Aimez-vous les uns les autres. » Il faut arriver à un état de connaissance du genre humain, à savoir que chaque être est un trésor unique au monde, que chaque personne est une création voulue de Dieu donc infiniment respectable. Évidemment les gens ne sont pas toujours bien, ils commettent des choses malsaines ou égoïstes. Ça ne fait rien, au contraire, le Christ a bien dit « Je viens pour les pauvres, les malades, les prostitués et les voleurs », ce qui en choque beaucoup… Mais lui ne voit pas le voleur, il voit ce qu’il y a derrière le voleur. « Aimez-vous les uns les autres », il y a de quoi se nourrir, cultiver cette recherche de supporter les autres. Je me suis surpris à médire des autres et je me suis dit : « Attention, là, où tu vas ? ». Mais on est tellement surpris et bouleversé par certains comportements humains, que l’on condamne. On ne pense pas tout de suite à pardonner.

Pour pardonner, il faut s’aimer…

Pascal Ide, qui est prêtre, a parlé du mépris de soi-même, c’est passionnant. Je ne comprenais pas cette virulence qu’ont certains, cette méchanceté, cette dureté vis-à-vis des autres, les traitant comme des chiens, souhaitant leur mort. Lui prétend que c’est généralement une blessure intérieure très sourde, inconsciente, parce que leur vie a été une déception et cette déception a engendré le regret et le jugement sur soi-même. Tout cela travaille et quand on ne se considère plus, on ne peut plus aimer les autres, on reporte tout ça sur eux . Se pardonner soi-même, c’est reconnaître qu’on est comme on est, qu’il ne faut pas faire le malin ou essayer de faire des prouesses mais se considérer calmement et dire au Seigneur : « Voilà, je suis comme je suis ». Le pardon est une chose extraordinaire. Le Christ nous a donné le Notre père, c’est court, il aurait pu en dire des choses mais c’est le pardon qui est le plus long dans cette prière : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Le pardon est salutaire.

La peinture pour vous est une forme de prière ?

Oui, c’est une drôle de fonction, on a des petites couleurs là sur une palette, de la matière inerte, jolie, et on met ça sur une toile ou un papier et on la transfigure. C’est une sanctification de la matière, cette matière qui finit par montrer la beauté, à travers les rapports harmonieux de la couleur. J’ai des moments de contemplation silencieuse quand je me mets à la peinture, j’entre dans un état où je suis parfois obligé de m’arrêter… Chaque rapport avec Dieu est personnel, c’est difficile de dire comment c’est mais c’est un grand bonheur de prier. J’ai fréquenté un peu la spiritualité indoue, chez Râmakrishna. Le védantisme, c’est une apparition de Dieu, Bouddha, Jésus, Mohamed et enfin Rama. Voilà des gens tout à fait bien, heureux, discrets et serviteurs des autres. Le Swami Sidesh Varananda, par exemple. J’ai passé un moment avec lui, il y avait un sentiment de paix incroyable, tout était dit sans parole. Ce genre de spiritualité existe dans un tas d’endroits du monde, il ne faut pas croire que nous avons le monopole de Dieu.

Qu’est-ce qui vous fait espérer ?

Le fait qu’il y a toujours chez l’être humain une possibilité de retourner la médaille et de changer radicalement. Il n’y a pas à désespérer… Aujourd’hui, nous sommes un petit peu submergés par toutes ces choses nouvelles, les quantités, la surpopulation, ça me fait un peu peur parfois, c’est vrai… Mais il y aura toujours des saints. Il faut espérer. Et souhaiter le bonheur et l’harmonie à chaque être qu’on rencontre… Vous, maintenant !

Rencontre extrait de Happinez n°1 p.54

Jeter ? Pas question !

Dans un cadre convivial, fondé sur l’échange et la transmission, on y apprend à redonner vie aux objets que l’on croyait hors d’usage et ainsi à réduire notre production de déchet. L’ambition de Martine Postma, qui a créé l’association, est de changer l’automatisme qui consiste à remplacer les produits quand ils sont cassés… et d’ouvrir un repair café dans chaque ville. Si l’association est déjà présente à Besançon, Nice, Paris, Sophia-Antipolis, Vauréal et Saint-Egrève, elle vient en aide aux groupes locaux qui désirent mettre sur pied leur propre “repair café”.

Informations : www.repaircafe.fr

© Photographie Ilvy Njiokiktjien

Extrait du Cœur de Happinez n°1 p.59

Amour et crustacés

Don est professeur de génétique et il cherche la femme de sa vie avec une exigence un rien psychorigide. Un jour son chemin croise par hasard celui d’une jeune femme aussi déjantée qu’il est maniaque. Sur cette trame, Graeme Simsion tisse un texte drôle et rocambolesque qui aborde mine de rien des sujets profonds : la solitude, la filiation, l’acceptation de l’autre et bien sûr l’amour. Un vrai roman “feel good” !

Le théorème du homard, Graeme Simsion, Nil édition, 20 €.

Le cheval, notre miroir

À leur contact, on s’aperçoit que l’on a beaucoup à apprendre sur nous-mêmes. Extrêmement attentifs et sensibles au langage corporel et à la cohérence de nos intentions et de nos gestes, les chevaux réagissent immédiatement à nos moindres signaux, avec douceur mais sans complaisance. Cette communication non verbale qui s’instaure entre l’animal et l’homme permet à ce dernier de prendre conscience de son Moi authentique et de mettre au jour ses émotions enfouies. À tel point qu’Isabelle Claude, éducatrice spécialisée, n’hésite pas à parler du cheval comme « miroir de nos émotions ». Coachs et éducateurs spécialisés ne s’y trompent pas, qui organisent des stages pour encourager des managers à mieux communiquer, ou pour aider des enfants à surmonter des handicaps, des difficultés et à prendre confiance en eux.

À lire : Le cheval, miroir de nos émotions, Isabelle Claude, éditions Camaïs, 2010.