Le sommeil est un phénomène miraculeux.
Coup de cœur ! Deux sublimes albums-documentaires pour familiariser petits et grands avec les animaux des bois
Nulle âme humaine à l’horizon, un silence apaisant se diffuse parmi les arbres, les tapis de mousse et les chemins d’humus. Le bois peut enfin reprendre vie. Né de la collaboration de Pauline Metais, écrivaine émerveillée depuis l’enfance par la beauté du parc naturel du Gâtinais, et du photographe animalier Aurélien Petit, les albums-documentaires Les animaux des bois d’à côté de chez moi et Les oiseaux d’à côté de chez moi (Shana Photo Édition, 2020) entraînent petits et grands dans une promenade pleine de poésie et de réalisme à la rencontre des habitants de la forêt. Une belle occasion pour s’interroger sur la place de chacun au sein de l’écosystème. Dans cette interview, Pauline Metais nous parle tout particulièrement des oiseaux, petits êtres qui ont tant de choses à nous apprendre quand on les observe de loin, avec respect et le cœur ouvert.
Happinez : À quand remonte votre passion pour les animaux des bois ?
Pauline Metais : J’ai eu la chance de grandir dans une maison en lisière des bois, dans le Parc Naturel du Gâtinais. La forêt est vraiment mon élément : au pied d’un vieux chêne à observer ses feuilles qui dansent au rythme du vent, je me sens bien, je me sens chez moi. J’ai toujours observé les animaux sauvages qui y habitent, mais sans les connaître vraiment. Un jour de décembre, j’ai fait la rencontre d’Aurélien Petit, un photographe de vie sauvage, aussi passionné que passionnant. Il m’a raconté pourquoi et comment il obtenait d’incroyables clichés de blaireaux, de cerfs, et de renards. J’étais absolument fascinée. C’est alors que j’ai réalisé à quel point il me semblait important, au nom d’un monde plus harmonieux, d’en connaître davantage sur ces animaux sauvages qui vivent là, juste à côté de nos maisons. Je me suis alors beaucoup documentée, puis j’ai suivi Aurélien Petit dans ses expéditions, pour ensuite partager mes découvertes avec les petits et les grands à travers deux livres, Les animaux des bois d’à côté de chez moi (2019) et Les Oiseaux d’à côté de chez moi (2020).
Que souhaitez-vous transmettre aux adultes de demain à travers ces albums ?
Je souhaite faire découvrir les animaux sauvages “d’à côté de chez nous” pour approfondir notre regard sur l’environnement dans lequel nous vivons et donner du relief à notre rapport à la Nature. Mieux comprendre les animaux qui nous entourent, c’est aussi réaliser à quel point ils nous ressemblent, tant dans leurs comportements que dans leur sensibilité. Il s’agit alors de développer notre empathie envers les autres espèces et naturellement de vouloir les préserver. Également, ces albums sont une douce incitation à la promenade en forêt et à l’observation, mais aussi une invitation à la réflexion sur la place et le rôle de chacun.e dans l’écosystème. Il me semble plus que jamais nécessaire de comprendre que nous faisons partie d’un grand Tout pour ajuster la place de l’Homme de manière à ce qu’il n’empiète plus sur les libertés (et le territoire) des autres animaux.
Le comportement des oiseaux offre-t-il des clés de sagesse ?
C’est vrai que les oiseaux sont très inspirants sur bien des points. À regarder leurs nids absolument magnifiques, comme celui du Pinson, nous ne pouvons qu’être ébahis car ils semblent toujours faire ce qu’il y a de plus beau, selon les conditions dont ils disposent, peu importe l’effort et la patience que cela suppose. La séduction au sein des couples est également primordiale et dans beaucoup d’espèces, la femelle n’a pas besoin de se parer de belles couleurs pour faire chavirer les cœurs. Certains oiseaux s’offrent des cadeaux tels que le Guêpier d’Europe ; d’autres se promettent fidélité comme le Moineau domestique ; enfin, chez la Tourterelle par exemple, les tâches quotidiennes sont réparties de manière équitable entre le mâle et la femelle ! Plus largement, je m’émerveille de leur liberté d’être et de voler, de leur savoir-vivre ensemble, de leur légèreté et de leur élégance naturelle. J’aime les observer : à leur rythme, ils semblent vivre le temps différemment, sûrement celui du présent. Leurs chants pétillants m’invitent à la joie, si bien que je me suis déjà entendue dire à ma jeune fille : « Tu entends chanter les oiseaux ? Ils ont l’air heureux d’être aujourd’hui. »
À quel oiseau pensez-vous si je vous demande un exemple ?
Le Geai des chênes me fascine tout particulièrement. Physiquement tout d’abord, ses couleurs sont sublimes : son plumage à la couleur d’un marron glacé valorise ses poignets aux rayures noires et bleues, délicates et pétillantes à la fois. Il possède aussi une jolie huppe noire et blanche et un regard bleu pervenche. Ensuite, il est très farouche et aime se cacher à la cime d’un arbre pour “guetter” et prévenir d’un cri strident toutes les espèces de la forêt de la venue d’un individu qu’il considère comme un intrus. J’adore l’idée qu’il soit en quelque sorte le gardien des bois. Enfin, le geai des chênes joue un rôle très important dans l’écosystème car, à l’instar de l’écureuil, il est prévoyant à l’approche de l’hiver et enterre de nombreux glands et autres graines. Mais comme il ne sait pas toujours les retrouver à la saison des froids, les graines et glands germent, le proclamant ainsi le meilleur jardinier des bois !
Pour en savoir plus : www.pauline-metais.fr
Propos recueillis par Aubry François
Visuel © Aurélien Petit – Shana Photo Edition