Article

Des petits gestes pour sauver notre planète…

Catégorie(s) : Art de vivre, Nature, À découvrir, Rituels, Développement personnel

La question revient, souvent, dans mes moments de doute ou de faiblesse : mes petits gestes, additionnés à ceux des autres, suffiront-ils à sauver la planète ? Un poncif récurrent chez tout individu concerné par l’état du monde, mais une question qui mérite d’être posée, une fois l’impact de chacun de ces petits gestes quantifié et hiérarchisé. Car on l’oublie parfois : tous n’ont pas le même impact.

Mes petits gestes sauveront-ils la planète?

Une question fondamentale, centrale, qui agite l’esprit de tous les écoanxieux, les plus concernés comme les moins atteints. Une première réponse, malheureusement sans équivoque : ils ne permettront pas de ramener le monde à ce qu’il était avant la grande accélération de la destruction de notre écosystème. Seul le temps pourra recréer la richesse de la biodiversité. Le temps long. Avec, ou sans nous.

Une fois ce préambule pessimiste posé, faisons avancer le débat.

Mes petits gestes sauveront-ils la planète?

Tout dépend de ce que l’on appelle petit geste.

Certains produisent de petits effets, d’autres ont plus d’impact.

D’où la nécessité de se poser, une fois de temps en temps, pour les hiérarchiser.

Revenons sur l’objectif collectif, pour commencer.

Pour maintenir notre environnement dans un état viable, nous devons (en France) diviser notre empreinte collective par quatre (environ) dans les vingt-cinq années à venir. Vaste programme, me répondrez-vous, à l’issue incertaine.

Réfléchissons secteur par secteur.

Le transport.

Une part conséquente de mon empreinte (environ 70 %) vient de mes déplacements quotidiens. Professionnels, familiaux et récréatifs. Le transport aérien, d’une manière globale, représente à peine dix pour cent de nos émissions collectives. Diminuer mes trajets dans les airs jouera sur mon bilan carbone, bien sûr, mais moins que de rouler au quotidien dans une petite voiture, de favoriser les transports en commun et de me consacrer à des loisirs propres. Voilà par quoi je dois commencer pour diminuer significativement mon empreinte. Sans pour autant abandonner les autres petits gestes.

Second secteur, l’alimentation.

Mon appétence pour la viande, sous toutes ses formes, représente le gros morceau de cette catégorie, de l’ordre de 50 %. Le respect des cycles de la nature et de l’environnement dans la fabrication de mon alimentation pèse aussi, mais dans des proportions bien moins conséquentes. Devenir végétarien, ou s’en rapprocher, là réside le geste le plus impactant. Glisser en douceur vers quatre fois moins de repas incluant de la viande (quatre fois moins, l’objectif collectif en France, je le rappelle), une mission réalisable à l’impact colossal. Une (r)évolution qui me laissera, les mathématiques le disent de manière implacable, encore 5 repas de carnivore sur les 21 que compte une semaine.

Secteur suivant, l’habitat.

Principal poids pesant sur mon empreinte environnementale, le chauffage. De mon air, de mon eau et de ma nourriture. Éteindre les lumières en sortant d’une pièce, surtout quand elles sont tout équipées d’ampoules à basse consommation, économiser l’eau en préférant les douches aux bains, des petits gestes utiles, mais qui diminuent peu mon empreinte globale. Réduire la surface de mon habitation, mieux l’isoler et choisir les meilleurs modes de chauffage, là se cachent les sacrifices les plus utiles.

Quelques exemples parmi tant d’autres.

En conclusion, manger moins de viande, vivre à 18 degrés plutôt qu’à 21 degrés, acheter le moins possible de vêtements neufs, trois progrès a gros impact. Éteindre les lumières, prendre soin des abeilles et se battre pour parvenir au zéro déchet, des petits gestes indispensables, mais moins efficaces à court terme.

Mieux comprendre la portée de chacun de nos gestes, petits, moyens ou grands, m’aide dans la gestion de mes efforts. Nous avons vingt-cinq ans (une génération) pour diminuer nos sales habitudes par quatre.

C’est jouable.

En gardant en tête que nous n’avons pas tous le même chemin à parcourir pour atteindre notre objectif commun. En France, la moitié de la population la moins fortunée devra réduire son impact par deux. Les quarante pour cent suivants par quatre. Les dix pour cent les plus aisés par dix. Une bonne nouvelle puisque la part de la population la plus néfaste pour l’environnement est celle qui a le plus de moyens pour changer ses habitudes et la plus grande marge d’amélioration. Cette répartition nationale des efforts à fournir chez nous correspond à celle répartissant la planète entre les pays les plus développés, les plus pollueurs, et ceux les plus défavorisés, qui polluent moins. Les États-Unis devront réduire leur consommation davantage que les Maliens, et ils disposent de plus de moyens pour y parvenir.

Chacun son geste, chacun son objectif.

Une réponse à la question initiale s’impose : non seulement nos petits gestes sauveront le monde, mais c’est même la seule manière concrète d’y parvenir.

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

© Vlad Bagacian / Unsplash