Le sommeil est un phénomène miraculeux.
La magie de l’écriture par Charlotte Saint Jean
Quand l’imaginaire et l’intuition rencontrent la convention… Charlotte Saint Jean, auteure, professeur de yoga et de méditation, artisane, nous livre sa vision de l’écriture et l’usage qu’elle en fait. Découvrez la retraite qu’elle propose en novembre 2024.
Quand j’étais petite, je dévorais les livres et les univers imaginaires. Tout ce qu’Enid Blyton écrivait, les mondes d’internat de Mallory Towers, les arbres magiques où vivaient des créatures féeriques, ou Charlotte et Fortuna qui font pousser une graine et finalement s’installent dans l’arbre pour vivre. J’avais aussi une habitude quotidienne de tenir un journal intime. Petite, pas grand-chose ne se passait, de petits commentaires sur la journée, les repas, les câlins (manqués) et souvent une bonne dose d’imagination. À l’âge de 10 ans, on m’a donné The Country Diary of an Edwardian Lady, le journal intime d’Edith Holden. Un aperçu de sa vie sur une année en 1907 dans la même région que celle de mon enfance. Loin de l’époque des réseaux, elle avait de l’encre, des peintures et des crayons. Son journal était une collection de ses peintures et d’illustrations des plantes et des oiseaux autour d’elle, parsemée d’expressions, de citations et de poésies de l’époque. Une simplicité précieuse de son univers.
Tout ceci a alimenté mon désir de partager par la magie des mots ces images non “visibles” qui vivaient en moi. J’ai compris jeune qu’il y a trois sortes d’écriture : celle qui représente bien le conventionnel, ce qu’on voit autour de soi et une “représentation” de cela ; celle qui prend comme inspiration la “réalité” et la détourne en imaginaire ; et enfin celle qui vient intuitivement, un appel de l’âme et de l’instinct, un rappel d’une ancienne langue entendue dans les rêves ou chantée à la pleine lune. Jeune, dans les cercles de prière, je recevais des messages, des voix, que je traduisais à ma façon. Un langage “non représenté” mais compris par ceux qui étaient présents. Je frôlais souvent le non-conventionnel et, à ce jour, ce langage de l’esprit ressort régulièrement et m’offre des frissons et des étincelles.
“Dans ces temps d’écrans et de claviers, il y a quelque chose d’extraordinaire dans le fait de prendre un stylo.”
L’écriture est devenue une source de lâcher-prise, un mode d’expression intime et créatif. Jeune femme, elle a été une nécessité pour laisser mes angoisses, ma haine et mon désespoir sur papier blanc.
J’ai toujours écrit… De la poésie, un petit texte ou commentaire, une citation retrouvée et récrite à la Edith Holden. Un acte de guérison, une prière personnelle. Dans ces temps d’écrans et de claviers, il y a quelque chose d’extraordinaire dans le fait de prendre un stylo avec sa propre main, un cahier et d’écrire. C’est magique !
Il y a deux ans, c’est exactement ce que j’ai fait. À la main, j’ai écrit une sélection de poésies : “Résilience”, une représentation de toutes les peines et de tous les espoirs en moi. Les mots sont venus intuitivement avec le cadre des cinq piliers que j’ai créés afin de me relever face à certains défis de la vie : Ancrage, Acceptation, Alignement, Abondance et Élévation. Ces piliers de reconstruction m’ont permis de retrouver mon corps, mon mental, mon énergie, mon courage. C’est en versant sur ces pages mes larmes et mes mots que je me suis retrouvée.
Il y a une puissance énorme à écrire, comme cette lettre écrite dans la tête depuis des années qui demande pardon, qui offre le pardon, jamais envoyée. Les sensations, les ressentis représentés dans les mots, peut-être pour ne pas les garder mais pour les brûler et laisser l’univers les transformer. Cette magie guérisseuse de poser visiblement pour que l’invisible soit vu, reconnu.
Nous sommes tous capables de poser nos mots, de créer des images sans nous mettre de limites. Je vous invite à prendre un stylo, à trouver un cahier qui vous attire et à commencer à écrire. Le jour, vos observations, vos rêves, vos frustrations… Tout est permis, tout est possible. L’univers vous guidera et l’imagination fera le reste.
« Quand je relâche le passé
Je peux marcher calmement
Vers la vérité de mon futur. »
Résilience