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L’amour de soi : antidote à l’autoapitoiement…

Catégorie(s) : Développement personnel, Bien-être, À la une, À découvrir, Rencontres, Psychologie

Être gentil envers soi-même n’est pas toujours aussi facile qu’on le pense. Pourtant, c’est probablement l’une des choses les plus importantes dans la vie, si l’on en croit la professeure, chercheuse et spécialiste de la compassion Kristin Neff et le psychothérapeute Christopher Germer. Ils ont développé ensemble une formation pour vous aider dans cette pratique. « Lorsque vous ne faites que donner, vous finissez par vous consumer. »
Extrait de l’entretien de Happinez 50 – confiance
Texte Bianca Bartels

Le terme “autocompassion” en fera sûrement sourciller plus d’un, car on pourrait croire qu’il s’agit de rester assis passivement, de façon presque pathétique, et de ne rien faire du tout. Ou, pire, de s’emmurer dans l’égoïsme. Mais il n’en est rien, assurent Kristin et Christopher (Chris). La méthode qu’ils ont développée, baptisée Mindful Self-Compassion (MSC), entend nous aider à nous accepter, à développer notre force intérieure et à nous épanouir. Ils nous parlent de leur mission – rendre le monde plus heureux – et nous expliquent avec beaucoup de patience les différences subtiles entre l’autocompassion, la confiance en soi et l’estime de soi, ainsi que l’importance de la gentillesse, de la pleine conscience et du sentiment partagé d’humanité.

Happinez : Mindful self-compassion. Littéralement, l’autocompassion consciente. Selon vous, pourquoi celle-ci nous fait-elle tant défaut ?
Kristin : Parce que nous ne sommes pas gentils envers nous-mêmes et ne nous soutenons pas. Nous sommes bien plus soucieux des autres. Chaque fois que nous sommes méchants envers nous, notre voix intérieure nous tire un peu plus vers le bas. Et nous minons ainsi notre propre capacité à devenir heureux. Pourtant, réagir avec clémence face à l’échec est à la portée de tous. Imaginons qu’une amie vous appelle, en larmes, parce que son partenaire vient de la quitter. Lui diriez-vous : « Écoute, soyons honnêtes, tu es vieille et ennuyeuse, tu fais pitié et tu es barbante. Je ne comprends même pas que tu continues à essayer, car tu n’as vraisemblablement aucune chance de rencontrer quelqu’un qui t’aime vraiment. Tu ne le mérites pas. » Vous ne diriez bien sûr jamais cela à un être cher. Mais c’est le genre de conversation que l’on a typiquement avec soi-même en pareille situation. Au moins deux tiers des gens le font, et ce pourcentage est encore plus élevé chez les femmes. Tout le monde a besoin d’autocompassion pour affronter sa propre douleur, qu’elle soit plus ou moins grande. Heureusement, cela s’apprend.
Chris : L’autocompassion est également nécessaire si vous voulez rester gentil avec les autres sur le long terme.

Pourtant, de nombreuses personnes pensent que l’autocompassion signifie surtout s’apitoyer sur son propre sort, au risque de sombrer dans la passivité et la paresse.
Chris : Ce sont des préjugés. L’autocompassion est au contraire un antidote contre l’autoapitoiement. Quelqu’un qui s’apitoie ne cesse de dire “pauvre de moi”, mais quelqu’un qui exprime de l’autocompassion est nettement moins égocentrique : il ressent cette communion, le fait que tout le monde lutte, que nous faisons tous des erreurs. À l’inverse, le “j’ai échoué” d’une personne qui s’apitoie est fortement axé sur le “je”. L’autocompassion aide également à moins ruminer et à prendre du recul, comme si vous vous regardiez de l’extérieur. Vous pouvez ainsi observer la situation de façon plus objective. Vous prenez aussi votre souffrance de façon moins personnelle. Vous ne dites pas : « Je souffre, et je suis le seul », mais bien : « Oui, il y a de la souffrance. Je ne l’ai pas demandée, mais elle est là. » L’autocompassion n’est pas non plus égoïste. Elle nous rend au contraire plus attentifs aux autres, plus serviables.
Kristin : Avec la compassion, vous vous concentrez sur votre santé à long terme, et non pas sur la satisfaction de besoins immédiats. À l’image d’une mère compatissante qui ne laisse pas son enfant manger des bonbons à longueur de journée, mais qui lui donne des fruits et des légumes.

Retrouvez l’entretien dans Happinez 50 – confiance

Petit exercice…
Comment traiterais-je un ami ?

• Fermez les yeux et réfléchissez à la question suivante. Imaginez qu’un ami proche soit aux prises avec quelque chose qui le tourmente (parce qu’il a échoué, par exemple, ou parce qu’il se sent incompétent) et que vous vous sentiez plutôt bien. Quelle serait votre réaction typique face à cet ami ? Que lui diriez-vous ? Quel ton prendriez-vous ? Quelle serait votre attitude ? Votre comportement non verbal ? Notez le fruit de vos réflexions.

• Fermez de nouveau les yeux et réfléchissez à la question suivante. Souvenez-vous d’un moment où vous étiez vous-même tourmenté(e). Quelle était votre réaction typique à votre égard ? Que vous disiez-vous ? Quel ton preniez-vous ? etc. Écrivez le fruit de vos réflexions.

• Enfin, pensez aux différences entre la façon dont vous traitez vos bons amis pris dans la tourmente et la façon dont vous vous traitez vous-même. Identifiez-vous certains modèles ?

• Réflexion : qu’avez-vous pensé pendant cet exercice ? Beaucoup de gens sont choqués de voir à quel point ils se traitent mal en comparaison avec leurs amis. Si vous ressentez la même chose, sachez que vous n’êtes pas le/la seul(e). Notre culture ne nous encourage pas vraiment à faire preuve de gentillesse envers nous-mêmes. Nous devons donc nous entraîner consciemment pour modifier cette relation avec nous-mêmes.

D’autres exercices dans Happinez 50 – confiance