Le sommeil est un phénomène miraculeux.
Nous reconnecter à la partie perdue de notre être – Rencontre avec Natacha Calestrémé
Vous avez le sentiment de passer à côté de votre vie, de ne pas accéder pleinement au bonheur ? Selon la journaliste Natacha Calestrémé, les épreuves de notre passé, mais aussi celles héritées de notre famille, peuvent impacter notre quotidien et nous empêcher de trouver notre juste place. Bonne nouvelle, il est possible de nous en libérer.
Extrait de l’interview publiée dans Happinez 62 – Découvrez la magie.
Que nous soyons globalement satisfait de notre vie… ou que nous accumulions les épreuves, il faut bien le reconnaître, nous ne sommes pas pleinement heureux. Malgré le temps qui passe, un nuage persiste. La réflexion d’un collègue nous irrite, le sentiment d’être inconsidéré nous exaspère, même le fait d’être dans la mauvaise file du supermarché nous met en colère : c’est le signe que des blessures importantes ne sont pas guéries. La journaliste spécialisée en santé Natacha Calestrémé s’est confrontée à ce problème existentiel. Elle a fini par découvrir grâce aux travaux menés en épigénétiques que nos blessures ont très souvent pour origine des épreuves du passé : celles de notre petite enfance, mais aussi les épreuves vécues par les générations précédentes. Parvenue à s’en libérer grâce à vingt-deux rituels de guérison du monde chamanique, Natacha les a adaptés en protocoles dans son best-seller La clé de votre énergie (Albin Michel, 2020). En cette fin d’automne, elle nous propose d’affiner encore cette quête du bonheur à travers un ouvrage plus pratique encore, Trouver ma place, publié chez le même éditeur. Elle précise pour nous les grands thèmes de ce guide appelé à nous accompagner au quotidien afin de nous aider à trouver notre juste place.
Happinez : A-t-il été évident pour vous de trouver votre place ?
Natacha Calestrémé : La question de la place a tout de suite été un enjeu important dans ma vie dans la mesure où j’ai une sœur jumelle. Jusqu’à l’âge de 18 ans, nous nous ressemblions énormément et nous avions, à peu de chose près, le même tempérament. Exister pleinement face à quelqu’un qui, jusque dans les compétitions sportives, fait les mêmes chronos que vous, c’est compliqué. Cela me donnait l’impression de lutter contre moi-même. Au départ, je n’avais pas conscience que c’était un problème : au contraire, je considérais cette gémellité comme une force. Mais, petit à petit, je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à exprimer tout mon potentiel parce que les gens nous comparaient à longueur de temps. Plus tard, quand elle s’est installée au Pays basque et moi à Paris, j’ai cru que mes problèmes d’existence et de place étaient résolus. Mais s’il suffisait de déménager à des centaines de kilomètres pour régler un problème, ça se saurait. J’avais trouvé ma voie, j’étais devenue journaliste, réalisatrice, romancière, mais malgré plusieurs cordes à mon arc et des facilités pour prendre la parole, professionnellement, je me sentais invisible et non reconnue par mes pairs. On ne me proposait jamais d’interviews et mes livres marchaient doucement. Cela me donnait le sentiment que je n’avais pas de valeur et que ce que j’écrivais était nul. Tous les autres domaines de ma vie allaient pourtant bien. D’après mon entourage, je n’avais aucune raison de me plaindre. C’est ce qui est intéressant. On n’a pas besoin d’être au bout du rouleau pour se sentir incompris, frustré, mal à l’aise. Je faisais le métier que j’aimais, mais mon travail n’était pas reconnu. À cette époque, je mettais cet état de fait sur le compte de l’injustice – « On ne me comprend pas » – et je ne cherchais pas de solution puisque le problème semblait venir… des autres. Je me trompais cruellement ! Il m’a fallu une série d’épreuves qui ont duré quatre ans pour que je me rende compte de ma méprise et que je réalise que le nœud du problème se cache en nous, à cause d’un phénomène de répétition d’épreuves liées à une question de place. Par exemple, nous pouvons gagner très bien notre vie sans connaître la sérénité et la joie parce que nous avons perdu notre place de mère. Nous pouvons former un couple uni et épanoui tout en nourrissant en nous-même une insatisfaction parce que, au bureau, quelqu’un prend systématiquement notre place. Le succès peut venir à nous, mais si notre père ne nous a jamais considéré, ou qu’il a préféré notre sœur, nous ne cessons pas, intérieurement, de nous sentir insatisfait. D’un point de vue extérieur, nous avons tout pour nous, mais sous la surface demeure une blessure, une faille, un besoin essentiel qui n’a pas été comblé, simplement parce que nous n’avons pas obtenu la place dont nous rêvions. Pour nous convaincre que cette question de place est omniprésente dans notre vie, observons comment nous réagissons lorsqu’un commerçant fait passer une personne avant nous, que l’on nous prend notre place de parking, ou que notre enfant n’est pas dans la bonne classe avec le bon professeur de mathématiques… Tous ces événements montrent que cette question de position nous affecte et que nous n’avons pas encore trouvé notre place.
Qu’est-ce que cela veut dire vraiment, trouver sa place ?
C’est vivre en harmonie avec les autres, que ce soit au travail, dans notre couple ou dans notre famille, mais aussi avec nous-même, dans notre habitat ou bien sur le plan de la santé, de notre moral et de nos finances. La question de l’argent, par exemple, n’est pas liée, en réalité, au nombre de zéros sur notre fiche de paie – puisque nous connaissons tous des personnes riches qui ont toujours l’impression de manquer et d’autres qui ne gagnent pas grand-chose et qui s’en satisfont. Finalement, être en harmonie avec nous-même concernant l’argent, c’est considérer la façon dont nous nous voyons le gagner, comment nous le dépensons, et comment nous imaginons que les autres nous perçoivent avec cet argent. C’est vraiment nous avec nous-même. Concernant notre habitat, c’est pareil. Si nous ne nous sentons pas bien chez nous, le sommeil s’en ressent et le stress arrive. Sur le thème de la santé, c’est évident, quand notre corps ne va pas bien, rien ne va. Quant au moral, nous avons parfois l’impression que le train-train de la vie suit son cours, et pourtant il existe un sentiment en nous dont nous ne comprenons pas la raison d’être, la source. « Pourquoi suis-je triste ? », « Pourquoi cette colère ne me quitte-t-elle pas ? », « Pourquoi est-ce que je me sens sans arrêt coupable ? », « D’où viennent mes peurs ? » Trouver l’origine de ce mal-être donne les premières clés pour avancer.
[…] Retrouvez l’intégralité de l’interview de Natacha Calestrémé dans Happinez 62 – Découvrez la magie
Propos recueillis par Nathalie Cohen et Aubry François
Photographies Anthony Quittot