Article

Richesses de la médecine amazonienne… rencontre avec l’anthropologue Jeremy Narby

Catégorie(s) : Bien-être, Art de vivre, Nature, Happi.Body, Santé, Rencontres, Sagesse & spiritualité, Rituels, Développement personnel

Diplômé de l’Université de Stanford, l’anthropologue canadien Jeremy Narby a passé plusieurs années avec le peuple Ashaninka, en Amazonie, pour étudier leur usage des ressources de la forêt et les aider à combattre la destruction de celle-ci. Avant sa participation, le 14 septembre prochain, à l’événement SE GUÉRIR (www.seguerir.fr), au Grand Rex de Paris, aux côtés de 11 autres intervenants prestigieux, l’auteur du best-seller « Le Serpent cosmique, l’ADN et les origines du savoir » (GEORG éditeur) nous partage les richesses médicales de ces peuples d’Amérique du sud, trop souvent sous-estimés.

Happinez : Quel regard les Amazoniens portent-ils sur les plantes et le vivant en général ?  

Jeremy Narby : Les peuples indigènes amazoniens ont tendance à considérer les plantes et les animaux comme des “personnes”, c’est-à-dire comme des entités ayant des intentions, des volontés et des points de vue, et avec lesquelles les humains ont des rapports de parenté. Pour les Ashaninka de l’Amazonie péruvienne, par exemple, le héron est « notre grand-père », les petits oiseaux sont « nos nombreux frères » et les plantes de manioc, « nos sœurs ». Les Amazoniens pensent qu’il est possible de communiquer avec les autres espèces dans les visions et les rêves des chamanes. Ils considèrent même que certaines plantes sont « enseignantes », comme le tabac, parce que celui qui sait les consommer peut apprendre à communiquer avec le vivant.

 

Happinez : Qu’est-ce que le savoir amazonien peut apporter à notre science occidentale ?

Jeremy Narby : Il a déjà beaucoup apporté à la médecine. Le curare, par exemple, qui est un mélange de plantes utilisé par les chasseurs amazoniens pour paralyser et asphyxier leurs proies, est à la base de la chirurgie moderne. Dans les années 1940, les scientifiques se sont rendus compte que ce paralysant musculaire pouvait grandement faciliter la chirurgie de l’abdomen et des organes vitaux. Outre la connaissance de plantes médicinales précises, les peuples amazoniens gèrent mieux que quiconque la forêt tropicale : l’imagerie satellite démontre que les forêts sous leur contrôle légal sont plus intactes encore que les parcs nationaux et les réserves naturelles. La protection des forêts tropicales est certainement un sujet clé au 21ème siècle. Finalement, la personnification des autres espèces pratiquée par les amazoniens agit comme un contre-point à l’objectivation forcenée de la science, et enrichit l’appréciation de l’intelligence du vivant.

 

Happinez : Quels remèdes de la pharmacopée naturelle des peuples indigènes d’Amazonie découvrons-nous aujourd’hui ?

Jeremy Narby : La griffe de chat, tout d’abord, est une liane qui stimule le système immunitaire, réduit l’inflammation des articulations, et agit comme antioxydant et antitumoral. Elle dilate aussi les vaisseaux sanguins. Selon le Centre Médical de l’Université du Maryland, elle peut aussi ré-équilibrer la flore intestinale et améliorer la réparation de l’ADN. La sève de l’arbre Sangre de grado accélère, quant à elle, la cicatrisation et prévient les infections. Elle est antibactérielle, antifongique, et antivirale. Elle contient une gamme d’alcaloïdes, dont trois ont des propriétés cicatrisantes; mais la sève entière permet une cicatrisation quatre fois plus rapide que ses molécules isolées. Elle agit contre l’herpès, les ulcères, la douleur, la diarrhée et possiblement les tumeurs. Une vaste littérature scientifique existe à son sujet. Enfin, la vigne Clavo huasca est un aphrodisiaque pour les femmes pré-monoposales et les hommes, largement utilisé en Amérique du sud. On s’en sert aussi contre les douleurs musculaires et articulaires, pour calmer l’estomac et accroître l’appétit, et comme tonique général. Elle commence à être étudiée scientifiquement.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Pour assister à l’événement SE GUÉRIR, au Grand Rex de Paris : www.//seguerir.fr