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Tentative de Bonheur n°9 : Se mobiliser

Catégorie(s) : Bien-être, Art de vivre, Non classé, Rencontres, Sagesse & spiritualité, Développement personnel

Laurent Lacotte aime faire surgir dans les espaces publics et les lieux de circulation des œuvres souvent éphémères réalisées à base de matériaux fragiles et précaires. L’artiste qui crée, grâce à la poésie et l’humour, un pont entre l’art et le quotidien, participe à l’exposition “Tentatives de Bonheur“, jusqu’au 26 juillet 2019 au MAIF Social Club (www.maifsocialclub.fr), dans le 3ème arrondissement de Paris. Dans cette interview, l’artiste nous raconte notamment comment mobiliser les habitants du Marais à la recherche d’une espérance perdue l’a mis sur la piste d’un certain bonheur.

 

Happinez : En quoi le fait de “se mobiliser” pourrait-il permettre d’accéder au bonheur ?

Laurent Lacotte : Tout d’abord la notion de bonheur mériterait toujours d’être questionnée, les postulats anciens et notamment platoniciens convoqués. Si pour l’élève de Socrate la possession du Bien permettrait l’accession au bonheur, il conviendrait donc de définir ce qu’est ce Bien.
Mon approche part plutôt du constat que beaucoup de choses qui pourraient être génératrices de bonheur ont tendances à disparaître des radars de nos sociétés contemporaines. Ainsi, qu’il s’agisse de rechercher l’espérance perdue à travers des affiches placardées dans la ville, d’inciter les gens à se questionner sur notre relation à l’autre et à se parler au travers de bien d’autres gestes urbains, la mobilisation des forces individuelles et collectives que j’amorce reste primordiale à mes yeux.
Pour moi, la quête du bonheur en elle-même, et de fait l’action dans laquelle elle nous plonge, demeure une des conditions sine qua non de tentative d’approche de ce dernier.

Happinez : Quelles ont été les réactions des riverains du Marais à l’affiche “Perdue : Espérance” ?

Laurent Lacotte : Elles ont été multiples. De la blague potache aux mots doux, j’ai reçu près de deux cent messages vocaux, appels et textos cumulés. Certaines personnes me proposent de l’aide, d’autres me disent avoir aperçu le chien dans telle ou telle rue, d’autres encore m’invitent à boire un verre avec elles. On sent celles et ceux qui sont touchés par la portée poétique du message, on distingue celles et ceux qui se saisissent de cette affiche comme prétexte à parler, on relit avec plaisir les citations de femmes et d’hommes célèbres qui inspirent beaucoup de messages reçus. Globalement, c’est une vraie cartographie politique et affective du territoire qui est à l’œuvre.

Happinez : L’avez-vous retrouvée, cette espérance ?

Laurent Lacotte : Cette espérance, même retrouvée, reste volatile et ne doit jamais être considérée comme acquise. Nous avons beaucoup de raisons au fil d’une vie de se sentir désespérés, abandonnés par la joie. Mais parallèlement, nous ne devons absolument pas céder aux sirènes du désespoir. Une des clefs pour réussir à cultiver l’espoir que nous portons en nous-mêmes et dans le monde est, je pense, de réussir à rester actif et connecté aux autres. C’est aussi d’être en capacité de se donner des objectifs personnels qui ne collent pas forcément à l’idée de bonheur qu’on voudrait nous imposer ou nous vendre. C’est ce que je m’emploie modestement à faire au travers de mon travail et, de manière plus générale, dans ma vie.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Pour en savoir plus : www.maifsocialclub.fr ; www.laurentlacotte.com

© Édouard Richard / MAIF